Il aura suffi d'un court séjour dans un coin de pays récemment ouvert à la colonisation pour que Louis Hémon propose une nouvelle interprétation du drame du peuple canadien-français, « l'éternel malentendu entre deux races » : les nomades et les sédentaires. Le roman met en conflit deux tendances irréconciliables, celle qu'incarnent François Paradis, l'aventurier, et le père Chapdelaine, et celle dont la mère de Maria est la meilleure représentante, avec Eutrope Gagnon, son allié. Quant à Lorenzo Surprenant, sa positon d'exilé le disqualifiait aux yeux de l'héroïne, de même qu'une trop grande témérité a éliminé de la course amoureuse François Paradis. Pour qu'une race persiste et se maintienne, selon Hémon, il lui faut se fixer à demeure, prendre feu et lieu. Publié en feuilleton, à titre posthume, dans un quotidien parisien, Maria Chapdelaine paraît en volume à Montréal en 1916, puis à Paris en 1921, inaugurant chez Grasset la célèbre collection « Les Cahiers verts ». Cette tragique histoire d'amour qui se déroule à Péribonka a été adaptée à la scène, au cinéma et pour la télévision. On compte jusqu'ici plus de 150 éditions de ce chef-d'oeuvre de la francophonie qui a été traduit dans 25 langues.
Voilà un classique québécois écrit par un Breton que j'ai boudé pendant trop longtemps... à regret! C'est un fantastique retour en arrière sur le Québec du début du vingtième siècle. La drave, les mouches noires, la terre, l'habitant, les bêtes, tout y est rustique. On y fabrique son pain, on y cultive ses terres, on y trait son lait, on y vend ses peaux et on y tue ses bêtes pour subsister. C'est une belle histoire de solidarité, d'amour et de famille. C'est aussi un coup de coeur!
"Lorsque les Canadiens français parlent d'eux-mêmes, ils disent toujours Canadiens, sans plus: et à toutes les autres races qui ont derrière eux peuplé le pays jusqu'au Pacifique, ils ont gardé pour parler d'elles leurs appellations d'origine: Anglais, Irlandais, Polonais, ou Russes, sans admettre un seul instant que leur fils, mêmes nés dans le pays, puissent prétendre aussi au nom de Canadiens. C'est là un titre qu'ils se réservent tout naturellement et sans intention d'offence, de par leur héroïque antériorité." (p.64)
Même si ce livre a été écrit il y a bientôt 100 ans, ce paragraphe me semble toujours d'actualité! Sauf qu'aujourd'hui, il faudrait remplacer le Canadien par le Québécois!! La problématique n'est pas si jeune et je ne pense pas que la fameuse (et très drôle!) commission Bouchard-Taylor soit venue à bout de ce qui est ancré aussi profond, depuis si longtemps... Finalement, avec le temps, rien ne change, tout est pareil...
10 commentaires:
Madame Jules lit ses classiques québécois. C'est bien.
Je pense que c'est l'un des seuls classiques québécois avec lequel je ne suis pas fâchée!!! Je l'ai beaucoup aimé, celui-là!!!
Le retour aux sources cela fait du bien de temps en temps, pour moi c'est un roman qui sent la neige...
Pour moi, Maria Chapdelaine reste synonyme de Carole dans l'adaptation québécoise dun livre, vue pendant mon enfance... Je ne savais même pas que c'était un livre... Je note !
Réjean: des suggestions Maître?! :)
Karine: c'est triste cette histoire d'amour avortée...
Dominique: ah non! pas de neige pour moi, on en reçoit encore!!!
Freude: parles-tu de Carole Laure? Une dame aux longs cheveux noirs...
Chère élève,
Vous êtes si passionnée et curieuse que je ne peux qu'acquiescer à votre demande et vous suggérer quelques classiques de chez nous.
Albert Laberge, La Scouine
Félix-Antoine Savard, Menaud, maître draveur
Ringuet, Trente arpents
Germaine Guèvremont, Le survenant
Gabrielle Roy, Bonheur d'occasion
André Langevin, Poussière sur la ville
Gérard Bessette, Le libraire
Marie-Claire Blais, Une saison dans la vie d'Emmanuel
Jacques Godbout, Salut Galarneau
Réjean Ducharme, L'avalée des avalés
Anne Hébert, Kamouraska
Jacques Poulin, Les grandes marées et Volkswagen Blues
Ce n'est qu'un début, mais il y a là suffisamment de titres pour vous faire une belle PAL de classiques québécois.
Bon week-end pascal !
J'ai de la difficulté avec les classiques québécois. Peut-être parce qu'on nous en faisait lire à l'école! :) Je retiens le titre quand même, on ne sait jamais...
Réjean: Merci! Ça fait très plaisir! J'ai quand même quelques lectures en moins à faire, car dans ma jeunesse j'ai eu quelques lectures imposées:
Germaine Guèvremont, Le survenant
Gabrielle Roy, Bonheur d'occasion
Jacques Godbout, Salut Galarneau
Anne Hébert, Kamouraska
Jacques Poulin, Volkswagen Blues
Maribel: je pense que je préfère le classique québécois à son contemporain...
Peut-être un peu sur le tard, lit-on vraiment les commentaires sur un billet qui date de plusieurs semaines? Bon, je n'ai rien à perdre.
Donc pendant que vous lisiez Maria Chapdelaine, je lisais Éva Bouchard, la lédende de Maria Chapdelaine, écrit pas Marcelle Racine.
Les dessous finalement du livre de Louis Hémon, ce qu'il a entraîné sans le savoir puisqu'il est mort quelques mois après la parution en feuilleton de son histoire.
J'en parle un peu sur mon blogue. ON ne voit plus la petite ville de Peribonka de la même manière et le journalisme non plus, quoique ça...
"Il s'est écarté..."
Quand je l'ai lu pour la première fois, j'étais au lycée (je crois que c'était parce que j'en avais un extrait dans mon bouquin de français)...
Oui, un beau classique.
(s) Ta d loi du cine, "squatter" chez dasola
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