mardi 2 février 2010

Almanach des exils, Stéphanie Filion et Isabelle Décarie.

A travers les saisons inversées et les lunes à l'envers, une amitié épistolaire Nord-Sud avance et se déchire entre Montréal et Sao Paulo. Dans ce roman almanach, le quotidien, avec ses petits incidents et ses grands événements, se fraie un chemin entre les citronniers brésiliens et les pivoines nordiques. Sont amassés au fil des jours : une recette pour se faire un bain, un jonc en or coincé au doigt d'un enfant, un voyage au pays du blues, un voisin serbe. Deux femmes nous ouvrent leurs correspondances et leur imaginaire, mais leur amitié résistera-t-elle à l'éloignement? Carnet de route, éphéméride, almanach, journal intime, roman épistolaire, ce livre prend des formes multiples. On y découvre des hérons avec des ailes immenses, comme de grands draps qui claquent au vent, et l'on se demande si le bruit de la pluie dans les saules peut être suffisant pour le bonheur. L'Almanach des exils redonne son lustre au quotidien. Cette cartographie d'une amitié se lit comme un suspense haletant. A la fin, on a l'impression de faire partie de cette cabale.


Sous forme de journal intime à deux voix, cet almanach nous dévoile deux trentenaires assez dynamiques et très mélancoliques! Les sujets sont variés et chacune est différente dans les thèmes traités. Stéphanie se penche sur les produits locaux, la météo, les sorties dans les restaurants de Montréal, les séjours en chalet, ses flirts, les poèmes et les extraits de textes divers. Isabelle, elle, favorise le cinéma, la belle-famille, les plages, son jardin, le quotidien dans les rues violentes du Brésil et les amitiés avec d'autres étrangères habitant tout près.


Dans les deux cas, la famille prend une grande place. Les angoisses reliées aux jeunes enfants, le divorce de parents, la mort de certains autres et pour Isabelle, le fait de vouloir un autre enfant occupe aussi plusieurs de ses pages. Il est souvent question d'argent, quoique chacune voyage beaucoup et ne se prive pas vraiment, même si chacune essaie de dire le contraire!


J'ai remarqué un léger déséquilibre entre les deux auteures, Stéphanie semble plus engagée qu'Isabelle et le texte concernant le Brésil aurait pu être plus développé, plus fourni pour satisfaire ma curiosité face à ce pays tellement exotique.

J'ai beaucoup aimé lire sur cette relation à distance qui prend une autre dimension sur papier, qui s'idéalise même pour procurer une légère déception lorsque la rencontre se produit enfin... C'est un traitement du quotidien peu banal, mais il faut dire que ces deux femmes sont loin d'être statiques... ça aide beaucoup lorsqu'il est temps de rendre le récit vivant!


Objectif PAL #45

4 commentaires:

La plume et la page a dit...

Il a l'air bien se livre. Je note, je note...

Jules a dit...

La plume: éditions Marchand de feuilles... probablement disponible à la librairie du Québec à Paris???

Venise a dit...

Je suis d'accord que Stéphanie prend plus de place qu'Isabelle. Ils ont une amitié qui se veut assez exclusive, ça m'a frappé jusqu'à quel point c'est important pour eux de l'entretenir.

J'ai fini par me demander, en me basant que c'est deux femmes qui baignent dans la littérature, si Stéphanie ne tenait pas plus fortement à ce que ce projet aboutisse à l'édition. C'est rare mais cette correspondance est un geste volontaire et on devine que cela a exigé beaucoup de discipline.

Tu sembles avoir aimé malgré ta déception du pas "assez de Brésil". C'est un fait que je connais à peine plus le Brésil après cette lecture.

Par contre, comme j'ai préféré le style de Stéphanie, j'ai finalement beaucoup aimé.

Joelle a dit...

Original, cet échange de correspondance entre deux auteures :) Par contre, le fait qu'elles mélancoliques me refroidit un peu ! De toute façon, je ne pense pas mettre la main dessus dans un futur proche !