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Je pourrais vous défiler tous les classiques du commentaire typique : personnages attachants, voyager dans le confort de son salon, écriture fluide, l’auteure est venue me chercher au plus profond de moi-même, etc. Ce serait trop peu dire… Ce que Karen Blixen a réussit à faire, c’est éveiller en moi le goût de l’aventure, du récit historique, du conte pittoresque, du safari africain, de la découverte du monde, de la contemplation des créatures sauvages, de la compréhension des tribus rivales durement apprivoisées et tant encore… Rarement j’ai eu envie de rencontrer un auteur, et pourtant, je pourrais m’asseoir et écouter cette femme courageuse et passionnante raconter pendant des heures et des heures ! Si le narrateur avait été un homme, l’effet aurait peut-être été moindre. Je confirme que le fait que Blixen ait été une femme et qu’elle ait plaqué toute la modernité que pouvait offrir le Danemark dans les années 30-40 pour vivre un safari au quotidien dans ces plaines africaines incluant sa rudesse et son hostilité, a grandement joué dans l’admiration que je lui porte. Tant d’extraits pourraient décrire le feu qui habitait cette dame de la haute société danoise, qu’en mettre que quelques uns serait une insulte à sa détermination d’implanter ses racines en terre africaine. Cependant, celle-ci représente bien son inspiration : « Quand je songe à ma vie passée en Afrique, il me semble qu’on pourrait la décrire comme une vie humaine, la vie d’un être qui a quitté un monde assourdissant et inquiet pour une terre paisible. »
Tour à tour, j'ai certainement eu l'impression de consulter un livre de botanique, la Bible, un manuel d'anthropologie, une charte des us et coutumes, un grand roman d'aventure, un journal intime, un dictionnaire des espèces animales vivant en Afrique ou médical, un traité de chasse, un manuel de survie, un recensement des plus importantes tribus et leur grand chef, mais sans jamais ressentir un ton académique...
J'en garderai à jamais un excellent souvenir, c'est la tête remplie de belles images que je referme, à regret, un des meilleurs livres qu'il m'a été donné de lire...
" Ils attendaient avec impatience la rime qui allait venir et riaient lorsqu'elle arrivait. J'essayai de leur faire trouver eux-mêmes la rime du premier vers que je leur donnai, mais ils ne le purent et ne le voulurent pas, et ils détournèrent la tête. Mais quand ils furent habitués, ile me demandèrent: "Parle encore, parle comme la pluie." J'ignore pourquoi ils trouvaient que les vers ressemblaient à la pluie. Peut-être était-ce une marque d'approbation, car, en Afrique, la pluie est toujours attendue avec impatience, et toujours la bienvenue." (p.366-367)
N.B. le film Out of Africa a été inspiré par ce livre. Je trimbale la trame sonore de ce film depuis bientôt 20 ans sans jamais m'être douté qu'un jour je serais aussi marquée par quoi tout a commencé...
5 commentaires:
Whaouu ! Quel billet ! Je le note !
Je n'ai pas lu le livre mais comme toi je traine le film dans mon coeur et dans ma tête !
Moi non plus je n'ai pas lu le livre, mais j'ai vu et revu ce film ! C'est une pure merveille ! Peut-être un jour me laisserais-je tenter par le livre...
Tout pareil que toi Jules, ce livre m'a fait vibrer et donné envie d'aller en Afrique.
Commentaire un peu en retard ;)
J'ai lu ce livre récemment et comme toi j'ai eu un véritable coup de coeur! Le film était déjà un culte et le livre est encore plus merveilleux! Un véritable chant d'amour à l'Afrique!
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