lundi 8 septembre 2008

Lettre à D., André Gorz.

Tu vas avoir quatre-vingt-deux ans. Tu as rapetissé de six centimètres, tu ne pèses que quarante-cinq kilos et tu es toujours belle, gracieuse et désirable. Cela fait cinquante-huit ans que nous vivons ensemble et je t'aime plus que jamais. Je porte de nouveau au creux de ma poitrine un vide dévorant que seule comble la chaleur de ton corps contre le mien. " L'auteur du Traître revient avec cinquante ans de recul sur les années décisives de son histoire. Il restait beaucoup à dire. Car ce n'était pas la sienne seulement.

Ce n'est pas une histoire d'amour à rebondissements extrêmes digne d'un soap opera américain, mais la force de cette union est liée au plus profond des engagements que puissent se promettre deux êtres humains: celui d'être unis jusqu'à la mort, qu'elle soit commandée ou non! C'est court, c'est intense et ça prend une toute autre dimension quand on connaît la fin tragique de ce couple. Un dernier hommage d'un homme à sa femme, émouvant au delà des limites permises...

« PRÉVENIR LA GENDARMERIE », « des lettres attendent » : c'est le message qu'ont laissé sur leur porte le philosophe André Gorz, 84 ans, et son épouse Dorine, 83 ans, retrouvés morts, lundi 24 septembre, à leur domicile de Vosnon (Aube). Les deux octogénaires reposaient côte à côte. Près d'eux, l'amie qui leur rendait visite a trouvé des courriers à l'intention de leurs proches. De son vrai nom Gérard Horst, l'auteur d' Ecologie et politique et des Adieux au prolétariat, longtemps proche de Jean-Paul Sartre, avait pris sa retraite en 1983 pour s'occuper de sa femme, atteinte d'une affection évolutive qui s'est doublée d'un cancer.

2 commentaires:

Anonyme a dit...

Je viens juste de le lire et en effet c'est une très belle histoire et encore plus émouvante quand on sait qu'ils se sont donnés la mort ensemble quelques mois après !

Jules a dit...

Cathe: tout à fait!