Du fond de la case où ils sont retenus prisonniers, deux instructeurs russes assistent au viol d'une femme qui cache une poignée de diamants dans sa bouche.Derrière eux, à demi-mort, gît un révolutionnaire angolais. Il scande le nom d'un village sibérien. Et dans cette forêt, à la lisière du Zaïre et de l'Angola, au milieu d'une Afrique exsangue, surgit le souvenir du visage tant aimé d'Anna...
Révolution, pouvoir, argent, violence, non-respect... Est-ce que l'amour peut triompher sur tout cela? À travers un narrateur et Elias, Makine essaie de nous démontrer que même le souvenir d'un amour perdu peut inspirer l'espoir.
"Il comprit alors que le seul regard vrai sur le monde était bien celui-là: dans la touffeur moite de la nuit, des hommes s'attroupent autour d'une femme qui vient de perdre la vie, serrent son corps encore tiède qu'ils ont tous sailli, l'un deux, sans se presser, fouille avec son index la bouche de la femme, la lune est presque pleine (la clarté!), un enfant drogué dort adossé à un arbre, et à quelques dizaines de kilomètres de là dans des villes et des villages la vie continue, les gens se préparent à passer au lit, à Luanda un couple parle de la graisse restée dans la poêle, à Lusaka une femme dort à côté de son mari diplomate qu'elle n'a jamais aimé, à Paris une intellectuelle rédige un texte sur les révolutions trahies, tandis que sous la boue de la plaine russe, sous la pierraille des déserts américains sommeillent de gigantesques cylindres bourrés de mort qui peuvent s'envoler à tout moment et effacer cette terre bleuie par la lune. Et au plus profond de ce monde dément il y a un répit, cette maison en bois, une femme qui, à la tombée de la nuit, sort sur le petit perron enneigé et regarde la route blanche sous l'étagement noir de la taïga..." (p.205)
Un très beau roman, débordant de réalité, qui me donne envie d'entrer chez Makine à grands pas!
13 commentaires:
Si tu as aimée "L'amour humain" (ce titre de Makine m'avait plutôt déçu), ne te gêne pas et plonge dans ses autres titres. Je te prédis de bons moments de lecture en sa compagnie.
Éric: ça ne sera que meilleur alors! En écoutant mon nouveau Lhasa peut-être?! :o)
j'ai lu que tu te collais devant la téloche le dimanche soir, ben moi, je bosse pas ce soir alors j'y vais avec grenouillette
N-talo: devant la télé?! Ou tu entres chez Makine?! :)
Je l'ai dans ma pile aussi celui-là (je l'ai acheté avec toi, d'ailleurs, je crois) mais de Makine, j'ai beaucoup aimé Le violon noir alors je m'attends à passer de bons moments!
Karine: oui, souvenir de notre visite au salon du livre de Québec 2008... il faudrait se voir plus souvent! Tu es mon perfect match pour parler de livres... même si nos avis diffèrent parfois! :)
"Le testament français" et "Musique d'une vie" sont très bien...enfin moi je les avais beaucoup aimé ;-)
Ane: je note tout ce que tu me donnes!! :)
Je n'ai lu que "Le testament français" de lui, mais c'était vraiment une belle lecture!!
kali: je pense que je vais essayer de faire le tour de son oeuvre...
J'ai presque tout lu Makïne et je suis toujours sous le charme à chaque fois.
Le testament français et La vie d'un homme inconnu sont deux purs plaisirs. Des livres émouvants. C'est tellement russe et pourtant écrit en français.
Je n'ai pas beaucoup d'expérience du côté russe, mais j'aime bien Makine!
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