mercredi 27 janvier 2010

La tache, Philip Roth.

À la veille de la retraite, un professeur de lettres classiques, accusé d'avoir tenu des propos racistes envers ses étudiants, préfère démissionner plutôt que de livrer le secret qui pourrait l'innocenter.

Tandis que l'affaire Lewinski défraie les chroniques bien-pensantes, Nathan Zuckerman ouvre le dossier de son voisin Coleman Silk et découvre derrière la vie très rangée de l'ancien doyen un passé inouï, celui d'un homme qui s'est littéralement réinventé, et un présent non moins ravageur : sa liaison avec la sensuelle Faunia, femme de ménage et vachère de trente-quatre ans, prétendument illettrée, et talonnée par un ex-mari vétéran du Vietnam, obsédé par la vengeance et le meurtre.

Après Pastorale américaine et J'ai épousé un communiste, La tache, roman brutal et subtil, complète la trilogie de Philip Roth sur l'identité de l'individu dans les grands bouleversements de l'Amérique de l'après-guerre, où tout est équivoque et rien n'est sans mélange, car la tache « est en chacun, inhérente, à demeure, constitutive, elle qui préexiste à la désobéissance, qui englobe la désobéisssance, défie toute explication, toute compréhension. C'est pourquoi laver cette souillure n'est qu'une plaisanterie de barbare et le fantasme de pureté terrifiant. »

Un roman à contenu, lourd de sens, une critique sociale des États-Unis et une belle histoire d'amitié entre deux hommes. Nous sommes en 1998, c'est l'heure du Viagra, du scandale Clinton et de l'ascension d'internet et des courriels. Les personnages sont complexes, Roth ne donne pas dans la description simple! Il y a le vieil écrivain incontinent reclus dans la montagne, le doyen accusé de racisme qui cache un grand secret, le rescapé de la guerre du Vietnam qui souffre de troubles post-traumatiques, la trentenaire au lourd passé sans avenir stimulant, la jeune Parisienne machiaviélique à la recherche d'un partenaire et toute une famille noire-américaine reniée par leur fils! Les conflits sont multiples, chacun essaie d'analyser l'autre et tous essaient de comprendre ce Coleman Silk qui entretient une relation avec une femme deux fois plus jeune que lui et qui a démissionné de l'université suite aux accusations de racisme.

"Il était Coleman, le plus grand des grands pionniers du moi."
(p.151)

Ce n'est définitivement pas le genre de roman à lire pour se relaxer le cerveau, la psychologie sociale y joue un grand rôle et même si parfois j'ai trouvé certaines phrases très lourdes et les liens à faire entre tous ces personnages, leur histoire et leur perception de la vie très difficiles à digérer, je ne me suis pas ennuyée! C'est une oeuvre magistrale... sans être un coup de coeur dans mon cas.

Objectif PAL #43.

17 commentaires:

Marie a dit...

J'avais vraiment apprécié ce roman ! Et d'ailleurs je dois avouer que pour l'instant c'est le seul titre que j'ai aimé chez cet auteur...

Jules a dit...

Marie: j'ai acheté son dernier en VO, j'espère ne pas trop avoir de difficulté à le lire...

L'or des chambres a dit...

Pas encore lue cet auteur... Mais si ce n'est pas un coup de coeur, je passe, ma PAL appréciera... A bientôt Jules !

Jules a dit...

L'or des chambres: il a beaucoup de succès pourtant, je pense que c'est un classique américain à ne pas contourner...

Suzanne a dit...

Euh, j'ai peut-être mal saisi quelques points importants mais j'ai été déçue de ce roman de Roth. Peut-être un hasard mais je n'ai plus relu cet auteur depuis....

Jules a dit...

Suzanne: c'est vrai qu'il part dans des "profondeurs" trop compliquées!!!

Anonyme a dit...

Il est vrai que c'est un livre par moment "difficile d'accès" qui nécessite une lecture attentive, mais il est aussi riche en sens, et personnellement, j'ai apprécié.

BlueGrey a dit...

Il est vrai que c'est un livre par moment "difficile d'accès" qui nécessite une lecture attentive, mais il est aussi riche en sens, et personnellement, j'ai apprécié.

Géraldine a dit...

Roth, un auteur que je n'ai pas encore lu. Une lacune manifestement.

Jules a dit...

Bluegrey: il fait réfléchir sur la condition de Noir en Amérique en tout cas...

Géraldine: il fallait que je remédie à la situation de mon côté et comme c'est le titre qui revenait souvent...

Joelle a dit...

Je n'ai vu que le film qui en a été tiré (et du coup, j'avais noté le roman à l'époque) et j'avais bien aimé (et c'est sûrement moins difficile que le roman ! mdr !). Par contre, j'ai d'autres titres de lui dans ma PAL :)

Leiloona a dit...

J'ai lu un autre billet sur ce livre, qui était pas mal négatif.
Ce que tu en dis ne me donne pas vraiment envie de le lire tout de suite. :/

Jules a dit...

Joelle: un film avec Nicole Kidman il me semble... que je n'ai pas vu! Le livre m'adonné le goût par contre...

Leiloona: pourtant plusieur s'entendent pour dire que c'est son meilleur...

Cécile Qd9 a dit...

Ah !!!!! Pour moi c'est un coup de coeur absolu après un Roth que j'avais détesté (le sein) et un autre qui m'était vite tombé des mains (la contrevie)

Jules a dit...

Cécile: je note les titres à ne pas lire alors!

Marie L. a dit...

J'en garde un très bon souvenir! Une lecture difficile, assez lourde mais passionnante! Une belle interrogation aussi sur l'identité et la honte.

Fan de Philipp Roth a dit...

J'ai beaucoup aimé ce livre et contrairement à mes habitudes, le film tiré de ce roman m'a également bien plu. Il est passé à la télé récemment.