dimanche 29 avril 2007

Le livre de Joe, Jonathan Tropper.

A priori, Joe Goffman a tout pour lui : un quatre pièces dans les quartiers chics de Manhattan, des aventures sentimentales en série, une décapotable dernier cri et des dollars comme s'il en pleuvait. Une vie de rêve née deux ans plus tôt, avec la parution de son premier roman Bush Falls, un best-seller corrosif rapidement adapté à l'écran. Dans ce livre, il évoquait une adolescence passée entre un père et un frère moins préoccupé à l'aimer qu'à marquer des paniers au basket, ses deux meilleurs amis ne trouvant rien de mieux à faire que d'afficher leur relation homosexuelle dans une petite ville de province très conservatrice ! Seulement voilà, ce passé riche en névroses irrécupérables refait surface lorsque le père de Joe plonge brutalement dans le coma. Contraint de courir à son chevet, le romancier, qui n'a pas remis les pieds à Bush Falls depuis dix-sept ans, va se frotter à l'hostilité des résidents locaux, bien décidés à lui faire payer ses écarts autobiographiques... Petit bijou d'humour et de sensibilité, Le livre de Joe a été accueilli avec enthousiasme par la presse américaine.

Bourré de clichés... Un homo mourant du sida qui a une mère trop pieuse; la solidarité et la nécessité d'une équipe sportive américaine; un couple en chute libre qui avait pourtant toutes les bonnes conditions pour réussir; le "big shot" esseulé qui revient se pavaner dans le bled natal; l'adolescent en quête d'identité; la mère sexy d'un copain qu'on rêve de mettre dans son lit... Je vous donne l'impression de ne pas avoir aimé ce bouquin ou de vous décrire le dernier "soap" en vogue de la chaîne américaine ABC? Pas du tout! Tropper a su ajouter une plus-value à tous ces sujets maintes fois traités en littérature. Drôle, très touchant et si bien enchâiné qu'on en vient à tout pardonner à ce Joe qui avait pourtant bien craché sur cette vie de village à Bush Falls pendant 17 ans! Un seul bémol, ma difficulté à imaginer ce Joe en écrivain: jet-set, Mercedes, penthouse à New York... Dans mon imagination, les écrivains sont un peu plus "cottage en campagne" avec des chiens. Tour de force de l'auteur: on a envie de lire le livre que Joe, le personnage, écrit! Inusité, non? Bush Falls, est-ce un jeu de mot politique pour l'auteur? Parce que si on change le "s" de place, cela ressemble drôlement à un message Bush's fall (la chute de Bush... le président!).

"La solitude - c'est le grand thème que je décline en d'infinies variations, comme une symphonie. J'ai déjà vécu plus d'un tiers de mon existence et je ne me suis jamais senti aussi seul. Plus on avance dans la vie, plus on est censé gagner en substance, nucléon de son propre petit univers, orbite croissant d'autres orbites. Au lieu de quoi je me suis délesté de tous les êtres qui m'aimaient comme un serpent se dépouille de sa peau et part ramper heureux, hargneux, jusqu'à son trou solitaire et misérable." (p.241)

L'avis de Patch, Agapanthe, Florinette, Clochette, Bellesahi. Vous l'avez peut-être lu aussi?!


8 commentaires:

BelleSahi a dit...

Oh tu m'as eu ! je me suis dit que tu n'avais pas aimé. Pfuuuu ! Mais non ! Tu as aimé ! Bienvenue au club !

Anonyme a dit...

il est sur le sommet de ma PAL , il patiente un peu car j aime savoir qu un super livre m attend , du bonheur à venir .... hum c est bon

Katell a dit...

Il est dans ma LAL. Dis donc Jules tu te surpasses aujourd'hui: tu nous flanques une de ces trouille dans tes billets! :-)

Anonyme a dit...

Non, je n'ai pas lu...pas encore...mais je ne pense pas pouvoir y échapper!

Anonyme a dit...

Moi aussi je me suis fait avoir....j'ai cru sur le coup qu tu n'avais pas aimé, et puis la suite...oufff....
(bon en même temps, tu aurais eu le droit de ne pas aimer....mais j't'aurai p'us causé...na!)
;o ))

Anonyme a dit...

Je note cette suggestion. Avez-vous lu Un jardin de papier de Wharton ? Je songe à m'y plonger bientôt et j'ai vu qu'il était dans votre liste.

Sinon je viens de terminer en fin de semaine La fin de l'alphabet de CS Richardson, qui vient tout juste de paraître chez le même éditeur. Quelle belle découverte. Une perle, vraiment. Je vous le conseille vivement.

Au plaisir de vous lire longtemps...

Jules a dit...

Curieuse: malheureusement, je n'ai pas eu le temps de lire Un jardin de papier et comme les vacances approchent; je ne crois pas avoir le temps de le faire pour l'instant. Je note la suggestion et au plaisir de lire vos futurs commentaires. ;)

Anonyme a dit...

Exactement pareil.
Les premières pages, j'avais dévoré tellement ça se lit tout seul. Ensuite, j'ai été gêné par certains détails trop attendu, comme vous dites : l'homo atteint du sida vivant chez sa mère bigote, l'ado qui écoute Blink832 en fumant des joins, etc.
Et puis finalement non ! Finalement c'est bien plus malin que ça a en l'air.
Quand on a fini le livre, il y a toujours quelques clichés bien sûr mais ce sont des petits détails finalement sans grande importance. L'ensemble est vraiment trop bon pour s'arrêter à ces détails.
J'ai vraiment beaucoup aimé et j'ai hâte de lire d'autres livres de cet auteur.