Arrivés de la Grande Ville avec leur mère, Claus et Lucas ne vont rester que tous les deux chez leur grand-mère pendant la guerre. Cette dernière est une femme sale, méchante, radine, analphabète et meurtrière; les jumeaux vont alors entreprendre seuls une étrange éducation. D'un côté ils s'entraînent à s'endurcir, à ne pas s'apitoyer sur la douleur d'autrui et à tuer, et de l'autre, ils écrivent la liste des tâches effectuées dans un grand cahier. Mais, à la suite d'un certain nombre d'événements, les deux frères vont se retrouver séparés, le premier dans ce même pays totalitaire, le deuxième de l'autre côté de la frontière...
Je n'aime pas lire sur la guerre, je n'aime pas les atrocités, je n'aime pas les abus et je n'aime pas la violence. Pourquoi ai-je lu ce livre en moins de deux heures? De un, parce qu'Antonio est en déplacement à la Baie James (pas de téléphone, MSN, etc. - AUCUN contact - seule with me, myself and I!!) et de deux parce que le temps est incertain (et qu'après l'orage force maximum - catastrophe que nous avons eu plus tôt ce soir, je ne voulais pas risquer une sortie!). Mais, mis à part ces événements hors de mon contrôle, je puis dire qu'Agota Kristof a le style accrocheur... Des chapitres courts (2-3 pages), peu de détails pour ne pas allonger le livre inutilement, des descriptions vraiment concises, des personnages à la limite du surnaturel qui frisent le "trop brillant" et des démonstrations de manipulation infantile pour les lesquelles un dictateur pourrait aller se rhabiller! Mieux vaut une fille avertie et tous ceux qui m'ont suggéré cette série avaient pris la peine de me mettre en garde. En passant, celui qui un jour m'a dit que j'aimais lire les mêmes livres que sa mère (ce mec a au moins 5 ans de plus que moi, faîtes le calcul de l'âge de sa maman!) et que ce livre risquerait de me perturber: BINGO! J'avais l'intention de me rapatrier dans mon lit avec la suite "La preuve", parce que l'auteure nous laisse vraiment sur un teaser à la fin... mais pour ma santé mentale, je vais opter pour mon Châtelaine! Finalement, j'ai tout l'été pour mes séries...
17 commentaires:
Le grand cahier est un roman sur la survie en temps de guerre dans un style d'une grande sécheresse qui sert bien l'histoire. Mais ce style est aussi justifié par le fait que Kristof a écrit ce roman en français, sa langue d'adoption depuis qu'elle vit en Suisse. Pour moi, c'est un petit chef-d'oeuvre de cruauté. Je l'avais adoré à l'époque et je crois que je l'aimerais encore si je le relisais. La Preuve est un peu différent. Quant au dernier de la trilogie, il viendra bousculer ce que vous pensiez savoir... L'auteure a aussi publié un roman qui raconte le sort des immigrés et dont j'ai oublié le titre. Il existe aussi d'elle un joli recueil de nouvelles très brèves et, si je me souviens bien, un trop court récit autobiographique. J'ai regardé à Télé-Québec il y a quelques années dans lequel Agota Kristof racontait sa vie, retournait sur les lieux de son enfance et livrait quelques secrets sur ses fameux jumeaux... Bref, vous comprendrez que c'est une auteure que j'aime mais qui se fait trop rare malheureusement. Ce qu'elle écrit, raconte et comment elle le raconte est aux antipodes d'auteurs à la mode qui n'en finissent plus de noircir des pages et des pages et de publier d'indigestes pavés que tout le monde s'arrache. Personnellement, je préfère la démarche discrète d'une Kristof. J'espère qu'on aura un autre livre d'elle avant qu'elle meure.
Correction : «J'ai regardé à Télé-Québec il y a quelques années un documentaire dans lequel Agota Kristof racontait sa vie...»
Brrrr... ça fait un peu peur tout ça. Ce livre m'attend dans ma pile mais je crois que je vais attendre un peu... je sors de deux lectures presque consécutives sur la 2e guerre mondiale... j'ai besoin de léger, je pense!! Mais je suis certaine que je m'y risquerai, je me demande vraiment qui sont ces fameux jumeaux.
j'ai trouvé cette trilogie excellente. Pas facile, certes, éprouvante, oui, mais quelle force met-elle dans ses mots simples !
Réjean: il vous faut un blog! J'aime beaucoup lire vos commentaires instructifs et si bien écrits! Je suis d'accord avec vous que des auteurs s'acharnent pour rien à écrire des briques lorsque le quart aurait suffit... Agota Kristof fait passer le message en peu de mots et il faut un talent supérieur pour le faire!
Karine: Tu aimeras, j'en suis certaine! Les sujets abordés sont difficiles, mais il m'est arrivé de sourire aussi en lisant ce livre...
Amanda: je saute dans le deuxième dans le bus ce matin!!
Permettez-moi d'ajouter une anecdote à propos du Grand cahier. Ce roman a été mis au programme de plusieurs écoles secondaires québécoises dans les années 80-90. À l'époque où il faisait le clown aux gros yeux à la télé, Jean-Luc Mongrain, sans doute alerté par quelques parents scrupuleux, avaient lu en ondes, pour le dénoncer, l'extrait où Bec-de-Lièvre s'accouple avec son chien. J'étais devant mon téléviseur et je n'en croyais pas mes yeux, me pensant revenu à l'époque de l'Index. La censure existait donc encore au Québec, Mongrain officiant comme quelque curé du haut de sa chaire ? Ce roman plaisait aux ados sans doute parce qu'ils y trouvaient une violence qui est latente chez eux à cet âge. J'ignore si aujourd'hui Le grand cahier est toujours au programme.
J'avais adoré ce livre - lu quelque part au siècle dernier. Je suis d'accord avec Réjean pour l'ensemble de ses commentaires. Et je seconde Jules : Réjean, nous serions quelques uns à te lire si tu avais un blogue...
Moi aussi j'avais beaucoup aimé, il y a trèèès longtemps, et n'ai appris que récemment qu'il y avait eu une suite! Du coup, je me demande si je devrais le relire avant de lire la suite, car avec ma mémoire en fromage suisse, je ne me souviens à peu près de rien!
Voilà encore un auteur que je ne connais pas... la liste s'allonge plus vite que celle des livres lus, c'est désespérant (et enthousiasmant !).
D'accord avec vous, Réjean, je m'abonne à la newsletter de votre blog dès le premier billet, vous écrivez très bien, c'est un plaisir de vous lire...
Jules, tu es taguée chez moi ce soir !
C'est un livre assez dérangeant mais j'avais aimé. Je n'ai lu que le premier titre car les autres ne se trouvaient pas à la biblio contrairement au premier. A chaque fois que je vois un billet, je me dis qu'il faut vraiment que je continue !
Réjean: mais c'est une scène choquante pour un jeune public non?
Bob: le 19 ième ou le 20 ième? :)
Grominou: une suite? Tu parles de La preuve et le Troisième mensonge?
Liliba: je passerai voir qu'est-ce que tu mijotes!!
Sylire: ah oui! Tu ne peux t'arrête là!!
Jules, je crois que les jeunes voient pire à la télé et au cinéma. Si cette scène les choque, c'est le rôle du pédagogue de leur faire saisir la logique du personnage.
J'oubliais ceci : si vous étiez ma voisine, je m'empresserais de vous prêter Le troisième mensonge.
Réjean: nous sommes peut-être voisins!! ;) Vous êtes si mystérieux!! Tout le monde se demande qui est Réjean?!!
>>>Grominou: une suite? Tu parles de La preuve et le Troisième mensonge?<<<
Oui, c'est ça... Ces deux livres sont bien la suite du premier, ou j'ai encore rien compris?
Je viens de lire << Le grand cahier >> il y a quelque jours de cela et en ce qui me concerne, je l'ai trouver horrible et froid. Je sais plus quel mot utiliser pour d'écrire tout ça. Vous diziez que les jeunes voient pire à la télé ou au cinéma, cela n'est pas totalement vrai et reste à voir. Mais le livre... je n'en reviens pas qu'il y ai des passages de la sorte. Je comprends parfaitement le contexte dans lequel se déroule l'histoire, mais c'est trop noir, éffrayant, lourd...
J'ai présentement 19 ans et il a fallu que je le lis pour un projet et je dois dire que ce n'est pas un livre qui se distingue par sa beauté mais bien par l'horreur qui y ai présente.
J'ai lu le "grand cahier" il y a peu de temps. Personnellement, je le trouve plutôt troublant et cruel.Je ne comprend guère pourquoi on y fait tant de panégyriques. Même si le contexte se prête à ce type de langage, à mon avis très cru, je crois que l'auteur aurait pu doser la description à certains endroits de ce roman controversé. Cependant, je l'ai trouvé proche de la réalité d'une guerre.
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