samedi 31 mai 2008

Nouvelles africaines I: Le soleil se lève sur le veld, Doris Lessing

C'est dans le souvenir de ses années passées en Rhodésie (aujourd'hui le Zimbabwe) que l'auteur des Enfants de la violence et du Carnet d'or a puisé la matière de ces nouvelles. Noirs asservis et humiliés - les uns se résignant, les autres se réfugiant dans un silence hostile -, Afrikaners et Anglais, colons opulents, " petits Blancs " paupérisés redoutant de tomber au niveau des Noirs : à travers une foule de personnages parfois tragiques, parfois dérisoires, campés en quelques pages avec un art parfait, Doris Lessing donne un tableau saisissant de l'Afrique australe des années 1970. Ce premier volume des Nouvelles africaines réunit neuf textes : " Le vieux chef Mshlanga ", " Le soleil se lève sur le veld ", " Pas de sorcellerie à vendre ", " La seconde hutte ", " Le fléau ", " L'arrivée des De Wet à Kloof Grange ", " Le petit Tembi ", " La ferme du Vieux John ", " George le Léopard ". Sans une once d'emphase, avec la densité, le frémissement et l'extrême finesse d'une écriture capable de saisir les émotions les plus subtiles, les réactions les plus complexes, Doris Lessing vient de peindre le portrait inoubliable et insupportable de la lèpre raciste. Pierre Lepape, Télérama.

Si Les Grand-mères ne m'avait pas convaincue sur ses gallons de Prix Nobel de littérature, ce premier tome des Nouvelles africaines vient de chambouler mon opinion! Lorsque je dis que j'aime lire pour voyager, je ne peux trouver meilleur exemple pour confirmer cette règle. Dès les premières pages, Doris Lessing nous transporte dans une autre époque, un autre monde et une autre terre. Rouge est elle, chaude et regorgeant d'êtres vivants et dangereux. L'humain étant souvent le plus redoutable avec ses préjugés, ses talents de dictateurs et son aversion pour ce qui est différent de lui, l'écrivaine nous dresse ainsi un parfait portrait de la Rhodésie (Zimbabwe actuel) à travers ces Anglais venus exploiter la terre et ses habitants.

Chacun vivant la situation selon ses moyens, certaines riches anglaises essaieront de recréer l'univers londonien au fond de la brousse avec un certain succès, mais surtout beaucoup avec d'envie de la part des autres qui ne réussissent pas aussi bien leur exil... Certains textes ont été écrits dans les années cinquante et l'écriture de Lessing nous laisse bien sentir la profondeur du désespoir de ces exilés et l'incertitude qui les ronge. Partir aussi loin refaire sa vie n'apporte pas qu'un lot de réjouissance on s'en doutait bien.

Je ne terminerai pas sans dire qu'une seule phrase m'a déplu dans l'ensemble des neuf nouvelles:

« Il s’aperçut en même temps que son visage ruisselait de larmes, et que ses vêtements étaient trempés de la sueur provoquée par la souffrance de cette autre créature. »
(p.38)

J'exagère peut-être, mais je me devais de vous en parler pour signifier que tout le reste frôle la perfection! Pour tous ceux qui ont aimé La ferme africaine de Karen Blixen, courrez acheter cette série de trois recueils de nouvelles...

Ceci est mon premier livre lu dans mon effort de lire des séries cet été.

4 commentaires:

Anonyme a dit...

J'avais beaucoup aimé Les grands-mères (vraiment dérangeant, mais quelle originalité !), mais je ne connais pas du tout ces nouvelles. Je le note, car Lessing est un auteur que j'aime bien.

Jules a dit...

Liliba: un "croisé" famillial assez déroutant j'en conviens!

maijo a dit...

Je n'ai jamais rien lu de cette auteure, mais là tu me donnes follement envie de me lancer.

Anonyme a dit...

Je ne suis pas trop "nouvelles" habituellement mais j'ai adoré "La ferme Africaine" et en plus, dans "Le carnet d'or", la partie qui se déroule en Afrique est celle que j'ai le plus aimée!!! Je pense donc que ça pourrait me plaire!