Puisque rien ne dure, Laurence Tardieu.

Vincent roule à vive allure sur l autoroute. Il va à la rencontre de celle qu il a aimée, Geneviève, qui se meurt. Sur la route, Vincent repense au passé. À ce qui, quinze ans auparavant, a détruit leur couple. A ce qui les unit au-delà de la mort. Il repense à Clara, leur enfant disparu, à son corps jamais retrouvé, à la douleur jamais éteinte qui a consumé leur amour. Face au drame, Geneviève a choisi la solitude, consignant sa souffrance dans des carnets, comme si l écriture la maintenait en vie, tandis que Vincent a tenté d oublier. De prendre la fuite. Mais tous deux partagent pour la vie un malheur inhumain. Lorsque Vincent rejoint Geneviève, c est une femme rongée de peine et de tristesse, mais aussi une femme qui s apaise et veut affronter le passé. Dans les derniers gestes, dans les ultimes paroles qui accompagnent la mort, Geneviève et Vincent se retrouvent, et Clara, leur petite fille, revit, au fil des souvenirs. Le temps est venu pour Vincent de se réconcilier avec la vie. Dans un souffle brûlant et avec une bouleversante retenue, Puisque rien ne dure dit la douleur de perdre un enfant. En laissant la parole au père et à la mère, Laurence Tardieu fait entendre la souffrance qui emmure, incompréhensible pour les autres, l irrémédiable cassure du couple, la façon dont chacun supporte le malheur. Dans ce texte poignant, la vie et la mort sont indissociables, comme l ombre et la lumière.

Virge, ma petite démone! Il aurait fallu me prévenir que j'allais pleurer beaucoup plus en lisant ces 128 pages qu'en lisant tous les Nicolas Sparks aux fins tragiques que j'ai lus à ce jour! Il aurait aussi fallu me dire qu'à la fin j'aurais le souffle court et la chair de poule sur tout le corps! Ouf! Tant d'émotions pour un samedi matin... Il y a quelques années, j'avais lu un article sur les statistiques prouvant que le pourcentage de couples qui se séparent après la perte d'un enfant est très élevé. Tardieu a effectivement appuyé ce résultat dans ce livre et en ayant combiné à cela la maladie de la mère, Geneviève, elle en a fait une histoire doublement touchante et d'une grande sensibilité. Ce livre est en fait une leçon aux couples vivant une tragédie, soit celle de ne pas prendre deux routes diférentes pour gérer le mal. Si le bonheur se vivait à deux, pourquoi faudrait-il vivre le malheur seul?

"Je me sens si fatiguée ce soir. Je pense à ma mère. Si elle était encore vivante, comme j'aimerais qu'elle soit à mes côtés, qu'elle me prenne dans ses bras, me couche dans un lit, me borde, en me murmurant des mots doux, des mots que je ne chercherais pas à comprendre mais qui couleraient en moi comme du miel, comme l'enfance, comme la certitude que demain tout ira bien." (p.54)