lundi 21 septembre 2009

L'homme qui m'aimait tout bas, Éric Fottorino.

Récit autobiographique reprenant le fil d'un dialogue rompu entre un père, Michel Fottorino, et Eric, né Chabrerie, son fils adoptif. Après le suicide de celui, qui, dit-il, lui a donné la vie, Eric Fottorino rend hommage à cet homme pudique, renfermé mais joyeux, et mène une réflexion sur la filiation et sur la culpabilité personnelle face au suicide.

"Je pensais: mon père est parti. Si je ne fais pas quelque chose, vite, sa vie entière va disparaître avec lui." (p.59)

L'auteur cite Paul Auster qui a écrit L'invention de la solitude probablement pour les mêmes raisons que lui: ne rien oublier de son père. Plus loin il écrira: "Peut-être tout cela n'a-t-il de sens que pour moi et pour quelques personnes que j'aime, qui l'aimaient. Cela suffit. J'ai choisi l'écriture, ce continent d'incontinence, pour retenir ce qui peut l'être avant que le temps n'engloutisse tout ce qu'il fut dans les brumes de la mémoire." (p.109)

Certains lecteurs ont pensé que c'était trop intime et ont eu le sentiment de partager quelque chose à quoi ils n'avaient pas droit. Pour moi, c'était tout le contraire. Ma limite était la fameuse lettre reçue le lendemain de la mort de son père. La publier aurait été dépasser les bornes, mais pour le reste, j'ai lu cela comme un témoignage d'amour envers un homme qui lui a tout donné même si son propre sang ne coulait pas dans ses veines et comme une façon d'apaiser la peine qui survient à la perte d'un être aussi cher dans la vie d'un humain.

C'est un livre que je n'ai pu déposer avant d'avoir terminé et c'est également un livre que je regrette d'avoir emprunté. Pour plusieurs éléments, je me suis sentie très proche de l'auteur: la Tunisie, le deuil d'un parent, avoir à fouiller dans leurs choses après, les souvenirs qu'on a peur d'oublier, tout ce qu'on ne partagera plus avec cette personne, le questionnement incontournable, tous les j'aurais dû, etc. Fottorino a fait ce que moi je ne serai jamais capable de faire en souvenir de ma mère, il a de la chance et il l'a bien fait, cette oeuvre figurera à mon palmarès des oeuvres les plus marquantes cette année et probablement pour longtemps encore après... Lorsque les références sont très présentes, le texte prend une toute autre signification pour le lecteur. Souvent, on me dit que je suis difficile à cerner en tant que lectrice, ce livre est le parfait exemple de ce que j'aime, de ce qui vient me chercher. Outre le divertissement, il y a cette base commune qui me retient à coup sûr...

21 commentaires:

amanda a dit...

j'aime beaucoup la sincérité qui émane de ton billet. Ce livre t'a touchée (et plus que ça je crois) et c'est tant mieux. Je ne l'ai pas lu, ne sais pas si je le lirai, mai l'esentiel est "qu'il soit aller te chercher", comme tu dis.

Jules a dit...

Amanda: pour quelqu'un qui n'a pas vécu la perte d'un parent, j'imagine que le lien ne sera pas le même, mais c'est vrai que ce livre se classe dans ma section "exeptionnel".

Lucie a dit...

Je note aussitôt.
Et puis, j'aime bien l'écriture de Fottorino (du moins, ce que j'en ai lu).

Anne a dit...

Je vais le lire trés vite: j'ai hâte de comparer mon avis au tien.
J'avais beaucoup aimé "Caresse de rouge". Un roman trés difficile aussi...

Jules a dit...

Lucie et Anne: C'est mon premier Fottorino et j'ai bien envie de lire autre chose de lui!

Venise a dit...

Personnellement, je n'ai jamais la sensation de partager quelques confidences trop intimes via le livre. C'est un geste si volontaire, écrire, offrir sa vie, c'est réfléchi. Quant une personne décide d'ouvrir la porte devant moi, j'entre.

Tu la rends très tentante cette oeuvre, en disant qu'elle te révèle comme lectrice. Très tentant.

Question : quand tu dis que tu regrettes de l'avoir emprunté, tu veux dire que tu n'as pas acheté, il vient de la Bibliothèque ?

sylire a dit...

Je vais le lire aussi. J'ai lu de lui et beaucoup aimé "caresse de rouge" et "Korsakov" ou il évoquait déjà ce père mais dans un roman déjà.

Mariel a dit...

Je n'ai rien lu de l'auteur mais les sujets abordés et l'émotion de ton billet me donnent envie de le découvrir... Merci.

Theoma a dit...

J'aime bcp le titre et comme tu en parles. Il est vrai que souvent j'emprunte des livres que j'aurais aimé acheté et que parfois j'achète des livres que j'aurais mieux dû emprunter...

Jules a dit...

Venise: oui, c'est cela. C'est un emprunt à la bibliothèque... dommage... j'attendrai le format poche!

Sylire: d'ailleurs il en parle dans ce livre de ces allusions au père dans ces autres bouquins. Intéressant...

Mariel: j'espère qu'il te plaira!

Theoma: on ne sait jamais avant d'avoir terminé, c'est cela le grand malheur!! :)

celsmoon a dit...

J'avais beaucoup aimé Baisers de cinéma de cet auteur alors je lirais sans doute celui-ci. Ton billet m'a touché.

Aliénor a dit...

J'aime beaucoup le titre !

Gambadou a dit...

J'hésitais à lire ce livre par peur du "voyeurisme", mais ce que j'en ai lu et ce que tu en dis me donne très envie de me lancer dans cette lecture

Jules a dit...

Celsmoon: moi je lirai peut-être le tien!

Aliénor: en tout cas lui il aime son père tout haut!! :)

gambadou: je ne pense pas qu'on l'ait forcé à écrire cela, partant de cela je ne vois pas en quoi nous serions des voyeurs...

Albertine a dit...

Sélectionné pour le prix ELLE, je l'ai à la maison, pas encore lu, je reviens vers toi pour un feedback quand c'est fait ;)

Albertine a dit...

Sélectionné pour le prix ELLE, je l'ai à la maison, pas encore lu, je reviens vers toi pour un feedback quand c'est fait ;)

Jules a dit...

Albertine: j,espère que tu aimeras! Bonne lecture!

Karine:) a dit...

Je ne sais pas si ce livre est pour moi mais ton billet m'a vraiment touchée, en tout cas.

Jules a dit...

Karine: je pense que c'est un peu trop "molow" pour toi...

cathulu a dit...

Je l'attends... encore plus impatiemment après ton billet :)

Jules a dit...

Cathulu: j,espère que tu ne seras pas déçue...