dimanche 30 septembre 2007

Poils de Cairote, Paul Fournel.

Quelle aventure que la vie d'un attaché culturel français au Caire ! Par touches impressionnistes, Paul Fournel décrit son quotidien dans les mails qu'il envoie à ses amis : embouteillages, muezzin, cireurs de chaussures, chats errants, débrouilles et embrouilles, douceurs et fureurs... Des billets spirituels, précis, nonchalants, qui croquent sur le vif une mégalopole débordante de vie, déconcertante, fascinante.

Jubilatoire! Si je ne pouvais utiliser ce qualificatif que pour les grands crus, c'est maintenant que j'en ferais usage! Pouvez-vous imaginez un attaché culturel débarquant au Caire avoir un si grand choc culturel? Il faut avoir mis les pieds dans un pays de l'Afrique du Nord pour constater de grandes similitudes et le ridicule de la situation pour éviter de dire ce n'est pas possible bien des fois. Plusieurs se demanderont s'il exagère, je ne crois pas. Ces pays vivent sous des gouvernements incompétents devant cette pauvreté, cette croissance démographique rapide (en 2002, un enfant naît à toutes les 23,6 secondes p.180), cette mentalité récalcitrante et ce système climatique qui ne laisse aucune place au bien-être des citoyens: chaleur, sable, poussière, saleté, pollution, etc. (Lorsque l'on a poussé la porte de l'avion pour nous laisser descendre, je l'ai reconnue immédiatement: elle a fait ouvrir un large sourire sur les visage des Égyptiens qui voyageaient avec moi, elle m'a saisi à la nuque, elle m'a appuyé sur la poitrine. La chaleur du Caire p.114). Ils survivent (19,7% des Égyptiens n'ont pas deux dollars pas jour pour vivre p.240), un point c'est tout. C'est en observateur externe que Paul Fournel nous dresse un portrait réaliste de cette société sans mettre l'emphase sur les Pyramides. Il a choisit l'humour pour le faire et il réussit à nous transmettre l'ambiance des situations inimaginables de l'Occident avec un talent fou. Le Ramadan, les femmes voilées, les chats errants, les taxis délabrés, la Censure, le marchandage, les ordures, les bâtons dans les roues pour tous les événements culturels, les pauvres, l'humiliation du peuple, tout y passe (Je ne connais pas gens plus susceptibles que les Égyptiens... Dire ce qui crève les yeux est pécher p.173). La critique n'est pas que négative, il partage aussi sa poésie et la beauté de l'Égypte à bien des moments:

"La mer rouge est de tous les bleus possibles: le pâlichon, le doré, le presque-noir, le quasi-vert, et puis, soudain, vers six heures vingt, elle absorbe tout le rose alentour - le rose du ciel, le rose du Sinaï, le rose du sable, le rose de l'Arabie saoudite, juste en face - et elle vire au rouge. Elle reste ainsi une demi-heure puis devient l'encre de la nuit. Ce moment de pudeur quotidien lui vaut son nom et sa gloire" p.90)

Ce livre a détrôné les autres, c'est mon meilleur de septembre!

5 commentaires:

Sophie a dit...

Je note!

Anonyme a dit...

J'aime bien ce genre de livre. Ce titre va donc allonger ma liste (qui fait déjà trois pages)des livres à emprunter à la bibliothèque.

Anonyme a dit...

je suis séduite moi aussi... en plus j'ai toujours eu des envoies d'egypte, voilà de quoi le nourrir un peu plus :-)

Anonyme a dit...

des envies d'Égypte,je voulais dire ! :-)

Anonyme a dit...

ca va me changer de naguib mahfouz !! je rajoute à ma liste !!!