jeudi 15 octobre 2009

La Recrue du 15 octobre: Françoise Bouffière, La louée.

« L'image du petit être cyanosé et suffocant s'impose à chaque pas que fait le charretier. Pas moyen de l'ôter de son cerveau où le sang afflue et cogne à grands coups de marteau. » « La honte de soi est plus meurtrière que la crainte du regard de l'autre. La honte de soi vient du dedans. C'est du dedans qu'elle attaque.» Au tournant du XIXe siècle dans le Morvan en France, au temps où les femmes se louaient comme domestique ou nourrice, Marie tente de fuir un environnement qui lui est hostile. Malgré toute sa volonté et la force de son espérance, elle ne parvient pas à réparer le passé et encore moins à se défaire de son image de putain qui se donne des allures de Vierge. A la fois classique et moderne, La louée, grâce au style dépouillé et précis de Françoise Bouffière, est une véritable tragédie humaine hors du temps.

Un roman du terroir, un peu comme Maria Chapdelaine, Les accoucheuses ou encore tous ces romans qui relèvent les caractéristiques d'une époque particulière, d'un village, d'une grande ville et de ses familles riches ou pauvres, instruites ou pas. Un temps où les femmes (pauvres surtout!) ne sont que des corps sans cervelle; des corps dont on peut abuser sans pitié aux champs, au lit, aux fourneaux... Sauf Marie, qui malgré les obstacles, fait tout son possible pour sortir de ce moule, faire dévier les chemins tracés d'avance pour le sexe féminin à l'époque... Elle sort de l'ordinaire avec sa beauté, ses grands airs et son caractère. Malheureusement, elle ne pourra échapper à tout, je n'en dis pas plus.

Dans mon cas, les premières pages ont été inquiétantes, j'ai éprouvé quelques difficultés avec le langage utilisé, mais les choses se sont vite remises en ordre pour laisser place à une plus grande fluidité. Certains passages avaient un petit quelque chose de déjà vu ou de prévisible, mais dans l'ensemble le texte tient la route et assure au niveau du divertissement que je recherche tant dans mes lectures.

Je dois dire que le format, le papier et l'odeur de ce livre ont grandement ajouté au plaisir de lecture (ne riez pas!). Je ne pense pas être prête pour le Livrel, car je constate que contrairement à Marie, être "traditionnelle" ne me déplaît pas du tout!

Tous les avis de La Recrue ici.

Objectif PAL #9

7 commentaires:

Venise a dit...

Quand les premières pages sont inquiétantes et que l'on nous rattrape, c'est un des plaisirs de la lecture. C'est mieux que l'inverse !

Turquoise a dit...

Aaaaaaah, l'odeur d'un livre, quel délice !!!! Mais bon, ce titre-là ne me tente pas du tout, même s'il sent très bon...;D Je ne suis jamais très attirée par les "romans de terroir", de toute façon...

Jules a dit...

Venise: mais ça fait peur quand c'est au début!!

Turquoise: :O)

Hermione a dit...

Un très beau billet! Pour ce qui est de l'odeur du livre ou de la douceur du papier, je ne me moque pas! Je peux être très sensible à ce genre de choses moi aussi! ;)

Jules a dit...

Hermione: c'est pour cette raison que je n'aime pas les vieux livres, j'aime quand ils sentent bon!! :)

Karine:) a dit...

Moi non plus, pas prête pour le livre électronique... je me demande si j'y arriverai un jour!!!

Jules a dit...

Karine: si tu voyages beaucoup ça peut être intréssant pour alléger les bagages...