mardi 10 mars 2009

Rouge presque noire, July Giguère.

July Giguère nous offre, dans ce premier recueil, une écriture
poignante qui, par ce qu’elle soulève du monde et des sentiments, parfois dérange.
D’une extrême lucidité, les personnages, souvent féminins, explorent le sentiment
amoureux, passant par une profonde solitude : hantés par leur passé, ils affrontent leurs
peurs, sondent leurs désirs.

Très physique, la poésie de July Giguère donne corps non seulement aux angoisses des
êtres, mais à tout ce qui les entoure :

c’est au mouvement soyeux de la marche que tu la reconnais, cette femme étendue à
même le sol, oubliée… à qui parfois tu parles dans ton sommeil
la clarté fade de l’ampoule électrique
mais tu n’entres pas malgré mon silence qui t’implore
dans cette chambre où tout se défait
jusqu’à la peau des murs.

Au fil des pages, on trouve également de courts poèmes dont la mise en page suggère
qu’ils ont été écrits sur le vif, comme pour capter l’émotion, dans l’hésitation de l’instant.
Parlant d’une intense douleur et de sentiments torturés, les textes de cette auteure
sherbrookoise présentent des univers refoulés dont les fragments épars résonnent en nous.


Un grand défi qu'est celui de parler de quelque chose que je ne connais presque pas ou très peu: la poésie. Ce n'est pas sans appréhension que j'ai plongé dans ce court recueil sorti aujourd'hui en librairie. Si certains textes nécessitent un effort intellectuel soutenu et une concentration accrue, d'autres offrent un vrai répis en toute beauté:

le soir dans son deux-pièces

ne lui parviennent que

la pulsation du silence

le bruit des portes qui

claquent

sans pour autant ébranler

la forteresse de sa solitude


En vrac, j'ai noté quelques thèmes abordés - le femme, les corps, les sexes, le frère, les chiens, les chats, la tristesse, le sang, la solitude, Mara - mais surtout la noirceur et la peur. Ce ne sont pas des textes faciles et légers, mais fragiles et chargés de sens en même temps... Je suis convaincue qu'il ne faut jamais forcer pour tout comprendre et que la poésie attrape son lecteur par ce qu'il a lui-même vécu, les émotions montent avec les mots choisis et créent un lien. Je ne puis dire dans mon cas, que cette liaison était au rendez-vous...

Une lecture "repêchage" chez La Recrue.

7 commentaires:

Anonyme a dit...

J'aime beaucoup le poème que tu as mis en extrait, même s'il n'est pas gai.

Anonyme a dit...

Aifelle: c'est un de mes favoris!

Anonyme a dit...

Je ne suis pas très poésie... Alors merci de cette découverte !!!!!

Pour en revenir au salon du livre de Paris, tu veux une dédicace de Maud ?

C'est dommage, je le reconnais que tu sois aussi loin... Je penserais fort à toi, ma belle québécoise...

Bises

Anonyme a dit...

Nath: mais non! C'est trop demandé! Profite de ton salon! :p

Venise a dit...

Commenter de la poésie, voilà une entreprise dans laquelle je ne me suis pas encore lancée. C'est si intime. Je crois que les goûts sont encore moins discutables.
Pas évident.
J'aime la poésie, mais en fait, j'en lis très peu. Avant que je trouve un poème qui me plaise vraiment, il faut que j'en lise une cinquantaine !

Anonyme a dit...

Je ne sais pas si j'arriverai à rentrer dans ce genre de livre, mais le poème est très beau

Anonyme a dit...

Venise: c'est très vague les poèmes et je pense que seul l'auteur peut en saisir la vraie signification. Il faut imaginer!

Gambadou: en tout cas, moi je n'ai pas réussi!