Du côté d'Ostende, Jacqueline Harpman.

Au crépuscule de sa vie, Henri Chaumont, qui a toujours dissimulé son appétit pour les personnes de son sexe, considère tristement qu'il n'a pas assez vécu : « J'étais un jeune homme plein d'avenir, je suis un homme sans passé ; on se gaspille. » Dans un Bruxelles intemporel, il est au moins une amitié, féminine, qui a résisté au temps, celle qui le liait à Émilienne Balthus. Au début du récit, Émilienne meurt. Elle laisse des carnets qu'Henri ne peut s'empêcher de lire et qui vont le replonger dans son propre passé. Ainsi se souvient-il du suicide d'un adolescent qui pensait l'aimer sans espoir de retour... Un conte cruel, elliptique, élégamment immoral. Jacqueline Harpman a reçu le Grand Prix de littérature 2006 de la Société des gens de lettres pour l'ensemble de son oeuvre. Une élégance de plume parfaite, endiablée.

Je ne sais pas ce qui se trame du côté de La rêveuse d'Ostende de Monsieur Schmitt, mais du côté de Madame Harpman, on ne s'ennuie pas du tout chez sa bourgeoisie! Henri Chaumont, vieux pédé (c'est pas moi qui le dit!), prend un vilain plaisir à nous faire l'étalage de ces mariages d'intérêts malheureux et de ces amours impossibles en se racontant lui-même...

"C'est absurde, et tant pis: après tout, il ne s'agit que de gâcher quelques heures d'un temps qui ne sert plus à personne, et quelques feuilles blanches. J'ai fait, dans ma vie, des choses plus blâmables." p.16

La beauté dans tout cela, c'est qu'il ne nous fait pas perdre notre temps à nous! Même pas deux cents pages... je ne serai certainement pas la seule à constater que c'est vraiment trop court pour les belles histoires d'amour! Cette auteure a une longue liste d'oeuvres et je compte bien en découvrir quelques autres puisqu'elle s'est mérité le grand prix de littérature 2006 de la Société des gens de lettres pour l'ensemble de son oeuvre...