lundi 8 janvier 2007

# 4 DU CHALLENGE 2007 "G": Nadine Gordimer, Un amant de fortune.

Ces deux-là n'étaient pas faits pour se rencontrer. Et pourtant... quand la voiture de Julie tombe en panne à Johannesburg et que le jeune mécanicien Abdou émerge des entrailles du véhicule qu'il bricole, ce sont deux planètes qui entrent en collision. Elle est femme et blanche, fille rebelle d'un puissant homme d'affaires d'Afrique du Sud. Il est immigré en situation irrégulière, ayant fui la misère. Elle voudrait s'affranchir des valeurs bourgeoises qui l'étouffent; lui, parvenir au monde de l'argent et du pouvoir dont elle est revenue. Elle, s'alléger pour être pardonnée; lui, s'alourdir pour être respecté. Il prend l'inclination de cette femme pour un caprice; elle prend l'attirance de cet homme pour de la passion. "Elle a honte de ses parents; il pense qu'elle a honte de lui. Ils ne se connaissent pas l'un l'autre." Dénoncé, il est chassé. Elle le suit dans son retour au pays, où la famille musulmane d'Abdou doit faire une place à "l'étrangère". Que de malentendus et de drames leur faudra-t-il surmonter pour que chacun, devenu à l'autre la Terre promise - "En elle il se sent lui-même, il n'appartient à personne, elle est le pays où il a émigré" -, accède finalement à son propre destin...

Je dois être honnête, j'étais à deux doigts d’abandonner ce livre, mais à la dernière minute elle est venue me chercher… Ma persévérance a porté fruit… au milieu du livre je m’y suis retrouvée – en partie. Cette étrangère dans le pays arabe de son mari qui se sent parfois déplacée, un peu isolée par la langue et les habitudes, mais qui a envie de faire partie de cette famille et essaie par tous les moyens de se faire accepter et de plaire à tous. Celle qui ne veut pas être l’étrangère qui lève le nez sur tout, mais être celle qui fait les efforts pour comprendre «d’autres façons de faire ». Les frustrations et les découvertes. A travers ce livre, j’étais en terrain connu et je sympathisais avec Julie, cette femme courageuse, qui avait tout dans son pays et que nous n’aurions pas soupçonnée de nous réserver une fin aussi improbable !



J’ai longtemps cherché les mots pour exprimer la sensation du désert, ce que l’on y ressent. Nadine Gordimer, elle, les a trouvés :


« Le désert est muet; au milieu du désert voici pourtant cette netteté infinie: le son pur. » p.228


Je me rappelle encore ma première expérience du désert de Tunisie, parce que comme le mari de Julie, le mien est aussi né aux portes du désert. L’effet paniquant de ne rien entendre, que son propre souffle. Ni lumières artificielles, ni sons artificiels, que soi. J’aime à répéter cette aventure de quelques minutes à dos de dromadaire, parce qu’elle est unique. Je m’éloigne un peu du sujet, mais c’est que cette histoire a éveillé tant de souvenirs... Bref, si je n’avais pas vécu ce que j’ai vécu, j’aurais lu ce livre autrement; comme un roman d’aventure. L’aventure de tous ces humains qui veulent fuir leur pays en quête de mieux et tout le parcours sans fin pour enfin y arriver. Nous n'avons aucune idée de quel pays arabe dont il s'agît ici, mais Madame Gordimer a su généraliser le tout pour que nous puissions imaginer l'histoire dans n'importe lequel de ces pays!

8 commentaires:

Anonyme a dit...

Une très jolie critique qui respire la tolérance. Merci.

BelleSahi a dit...

Il y a des livres comme ça ! on s'ennuie et puis tout d'un coup la lecture s'envole !!!

Anonyme a dit...

il a vraiment l'air bien ce livre... Je vais le noter pour une prochaine lecture :)
Bravo pour ton quatrième livre du challenge, je suis qu'au premier :D

Jules a dit...

Je n'ai pas de mérite ce ne sont que des petits livres. Je garde les 500 pages et + pour plus tard... Vous verrez, j'aurai l'air moins performante! :-)

Anonyme a dit...

Je suis comme toi j'ai du mal à laisser tomber un livre de peur de manquer quelque chose donc je patiente et là tu as bien fait...

Anonyme a dit...

Je n'ai pas eu le temps de te rendre visite pour cause de vacances - voilà qui est fait.

Bonne année à toi, et à bientôt.

Jules a dit...

Thom: merci d'être passé! À bientôt, je l'espère, chez toi ou chez moi! :-)

Anonyme a dit...

Je trouve aussi que l'écriture de N.Gordimer est laborieuse mais vaut l'effort que l'on met à la lire. J'avais bien aimé "L'arme domestique" et note celui-ci.