dimanche 29 mai 2016

Le lagon noir, Arnaldur Indridason.

Reykjavik, 1979. Le corps d‘un homme est repêché dans ce qui va devenir le lagon bleu. Il s’agit d’un ingénieur employé à la base américaine de l’aéroport de Keflavik. Dans l’atmosphère de la guerre froide, l’attention de la police s’oriente vers de mystérieux vols effectués entre le Groenland et l’Islande. Les autorités américaines ne sont pas prêtes à coopérer et font même tout ce qui est en leur pouvoir pour empêcher la police islandaise de faire son travail. Dans un climat de tension, conscients des risques qu’ils prennent, Erlendur et Marion Briem poursuivent leur enquête avec l’aide d’une jeune femme noire, officier de la base.
 
Le jeune inspecteur Erlendur vient d’entrer à la brigade d’enquêtes criminelles, il est curieux, passionné par son métier, soucieux des autres, mais il ne cache pas son opposition à la présence américaine sur le sol islandais.
 
En parallèle, il travaille sur une vieille affaire non résolue. Une jeune fille disparue sur le chemin de l’école quarante ans plus tôt, à l’époque où la modernité arrivait clandestinement dans l’île, portée par les disques de rock et les jeans venus de la base américaine.
Indridason construit un univers particulier, une atmosphère pénétrante et sans nostalgie, un personnage littéraire de plus en plus complexe, et  le roman noir, efficace, est transformé par la littérature.
 
Même si je n'ai pas encore terminé la série d'Erlendur (Hypothermie est le prochain dans ma liste), je ne me prive pas de lire les nouveaux romans d'Arnaldur Indridason, car dernièrement, lorsqu'il est question de son célèbre enquêteur, c'est plutôt à ses débuts que nous le retrouvons.  En compagnie de Marion, celle qui deviendra au cours de sa carrière son mentor, sa référence, Erlendur découvre son addiction aux disparitions non résolues.  Les cas oubliés faute d'indices ou négligence des policiers qui ont fait enquête au moment des événements.  Ils remontent le temps, tranquillement. Toujours en parallèle de l'enquête principale, dans ses "temps libres".  Il est persévérant et brillant, mais c'est souvent son intuition qui le guide vers la bonne porte.
 
Dans le Lagon noir, outre les enquêtes qui sont toujours captivantes, ce sont les réflexions de Marion sur son collègue qui m'ont beaucoup plu.  À travers celle-ci, on sent très bien son admiration pour ce jeune homme destiné à autre chose qu'une simple carrière de policier.
 
"Ce jeune policier piquait constamment sa curiosité.  Il faisait tout à sa manière, personnelle, il avait quelque chose de vieillot et d'anachronique, ne parlait jamais de lui, n'appréciait pas vraiment la ville et ne s'intéressait pas au présent sauf pour exprimer son agacement face à l'époque actuelle.  Buté, il faisait preuve d'un indépendance hors norme, n'éprouvait jamais le besoin de faire part de ses sentiments et passait son temps plongé dans étrange passion, les récits de disparitions."
 
Malgré son air renfrogné, Erlendur est profondément attaché à son Islande natale, il aime sa raie faisandée et toutes ces plats dégoulinants de graisse de mouton.  Il est un bon ambassadeur culturel!
 
"Marion esquissa un sourire.  Il y avait dans l'attitude d'Erlendur une chose indéfinissable, des réflexes de défense peut-être, qui le lui rendaient sympathique même si bon nombre de gens le considéraient comme ennuyeux et triste.  Contrairement aux Américains, Erlendur n'aurait jamais utilisé le mot invivable pour décrire un lieu entièrement inhabitable comme la lande de Midnesheidi."
 
Il n'en serait peut-être pas le cas pour tous les plats nationaux de l'Islande, mais chaque nouvelle enquête d'Indridason ne fait pas long feu sur ma table!  C'est du polar, mais du polar enrichi.  La profondeur de l'âme humaine chez les personnages de l'auteur me touche à chaque fois.  Il construit ses personnages afin que dans chacun d'eux nous retrouvions un élément attachant, ce sont jamais de pure brutes.  C'est remarquable!
 
ISBN: 979-10-226-0419-2

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