samedi 22 octobre 2016

Le syndrome de la vitre étoilée, Sophie Adriansen.

« – Alors, cette soirée ?

Je n’ose pas regarder Guillaume.
– Maeva est enceinte.

Mon ventre à moi n’est gonflé que de bière. Fausse, de surcroît. »
Un garçon, une fille, dix ans de vie commune. De cette équation parfaite naît le désir d’enfant. Puis les difficultés arrivent. Le désir se transforme. Le garçon et la fille aussi. Un couple sur cinq connaît des difficultés pour avoir un enfant.

Derrière cette proportion, combien d’autres statistiques ? De formules intrusives ? De conseils « bienveillants » ? De boîtes de tampons ? De pieds dans les étriers ? D’amis auxquels on ment ? De bouteilles éclusées ? Combien de pensées magiques pour conjurer le sort et cette foutue proportion ?

Voilà des questions – des obsessions – que la narratrice de ce roman tente d’éclairer sous un jour nouveau en découpant sa pensée comme on range la commode de son adolescence.


Ce qui démarrait comme un chemin de croix frappe par sa lucidité, sa drôlerie, sa cruauté et prend la forme du journal rétroéclairé d’une jeune femme qui découvre le pouvoir d’être libre.
 
Attention, ce billet risque d'être fortement teinté de mon expérience personnelle.  Plusieurs d'entre vous le savent déjà, mais fiston est né d'une fécondation in vitro.  Lorsque deux personnes se mettent en couple, le risque d'infertilité n'est certainement pas le premier sujet abordé!  Je ne cherche pas à lire sur le sujet, mais lorsque ce livre m'a été envoyé, j'étais bien heureuse d'y retrouver beaucoup de copier-coller de ma propre vie.  Même si ce n'est que de la fiction, la vérité n'est malheureusement jamais bien loin.  L'auteure a su bien saisir toute la série d'émotions que traverse un couple infertile et toutes les problématiques reliées à cet état.
 
Comme Stéphanie, du moment où j'ai su que procréer naturellement ne serait jamais une option, j'ai commencé à relever toutes les femmes enceintes autour de moi.  Impossible de me rendre au centre d'achats sans noter les dizaines de bédaines que je voyais!  Je connaissais toutes les vedettes enceintes et je n'avais plus tellement envie de côtoyer mes amies avec des enfants ou pire, celles qui étaient enceintes.  Quand tu ne peux "tomber enceinte", il vient un moment que tout tourne autour de cela.  Sophie Adriansen l'a bien relevé dans ce roman.
 
Le syndrome de la vitre étoilée n'est pas que cela.  L'infertilité a surtout servi de prétexte pour représenter la fragilité d'un couple.  La culpabilité, le doute, le sexe sur commande, les visites médicales à répétition, etc.  C'est un ensemble d'éléments qui affecte le couple qu'on le veuille ou pas.  Stéphanie et Guillaume se sont un peu perdus dans tout cela. 
 
À travers les souvenirs de Sophie, des citations et le quotidien, Sophie Adriansen tisse l'histoire d'un couple, mais aussi d'une femme qui n'en peut plus de devoir correspondre aux attentes de la société.  La pression est parfois trop forte!  C'est une belle histoire d'émancipation et de liberté finalement.

Sophie Adriansen est une auteure que je ne connaissais pas et ce n'est qu'à plus de la moitié de ma lecture que j'ai réalisé qu'elle est également l'auteure cachée derrière le blog Sophielit!
 
Date de parution au Québec: 13 octobre 2016
ISBN: 9782265115682

5 commentaires:

Saxaoul a dit...

Sujet douloureux pour moi. Je tourne autour de ce roman depuis un moment, on verra bien si je finis par me lancer.

Jules a dit...

Saxaoul: oui, je peux très bien comprendre. Je ne l'aurais probablement pas lu si ma FIV n'avait pas fonctionné...

Moka a dit...

Je viens de le recevoir. Direction, le haut de ma PAL !

Jules a dit...

Moka: :) un roman à thème, mais bien exploité ça vaut le coup!

Alex Mot-à-Mots a dit...

Ma soeur a suivi le même chemin que vous. Je lui offrirai à Noël.