La mémoire est comme l’eau. Elle s’infiltre et inonde. Elle peut vous rendre léger comme une plume ou vous noyer. Ainsi sont mes souvenirs d’Eva : rêves liquides d’un passé aussi insaisissable qu’un morceau d’océan. Certains jours, ils me maintiennent à flot. À d’autres moments, leur courant redoutable menace de m’emporter.
Massachussetts, années 1960. Billie et Eva ont du mal à se contenter du bonheur en sourdine que connaissent les mères au foyer. Malmenées par leurs maris, elles ne puisent aucun réconfort dans les joies de la vie domestique et se soutiennent pour faire face à l’adversité. Pour la première fois, elles trouvent quelqu’un avec qui partager leurs tourments, quelqu’un qui les comprend et leur redonne le goût de vivre. L’amitié qui les unit laisse bientôt place à des sentiments plus profonds. Et peut-être même à l’envie de tout recommencer. Mais ces deux femmes éprises de liberté peuvent-elles vraiment vivre un tel amour au grand jour ?
Il y a si longtemps que j'ai écrit un billet pour un roman pour adulte que je me sens rouillée!
Mémoire d'elles, c'est l'histoire d'un amour interdit. Celui de deux femmes au foyer dans les années 50. Eva et Billie sont mariées, habitent l'une en face de l'autre et ont la garde de six enfants au total. Sans voiture, elles se retrouvent quotidiennement chez l'une ou chez l'autre pour passer le temps. Tranquillement, l'amitié fait son chemin et se développe en quelque chose de plus fort. Chacune ayant un mari alcoolique et peu à l'écoute de leurs besoins, ce nouveau genre de relation devient tout pour elles.
T. Greenwood signe ici un roman basé sur une histoire vécue et en la lisant, on saisit bien la difficulté d'être un couple homosexuel à cette époque où la pression sociale et l'Église étaient les premières à entraver le bonheur de ces couples. Malgré tout et avec beaucoup de patience, Eva et Billie ont réussi à vivre cet amour en volant de petits moments à l'ombre de tous. Pendant les vacances d'été au bord du lac ou pendant les après-midi de semaine, elles s'aiment et prennent de grands risques.
À travers les plans pour se voir en cachette, la furie des maris et l'incompréhension de l'entourage face à l'homosexualité, l'auteure aborde également des sujets tout aussi tabous à cette époque, tel que la mastectomie.
"Lentement, timidement, elle abaissa les bras, et je sentis mes yeux se remplir de larmes brûlantes. Je les chassai d'un clignement. C'était tellement déconcertant: cet effacement, cette élimination."
Ce roman est l' image d'un monde où la femme dépend de l'homme et lui doit tout. Un monde où elle doit s'oublier pour le bonheur des siens. Un monde où elle souffre et ne voit pas de porte de sortie. Un monde pas si lointain qu'on ne désire plus revisiter...sauf le temps d'un roman!
ISBN: 9782811213510
7 commentaires:
Le temps d'un roman, et encore...
Alex: mais oui, pas plus!
Ton billet est bien gentille dame et t'inquiètes, tu n'as pas perdu la main.
À lire très bientôt, il m'attend dans ma PAL.
Suzanne: ah merci pour le compliment! :) Bonne lecture!
Intéressant, je note !
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