vendredi 17 décembre 2010

Je ne veux pas mourir seul, Gil Courtemanche.

Un homme apprend la même semaine que sa femme le quitte et qu’il est atteint d’un cancer. Laquelle de ces deux morts annoncées est la plus redoutable ? Quelles raisons aurait-il désormais de se battre pour sa vie ? Ce livre, le plus personnel que Gil Courtemanche nous ait donné, nous montre un homme seul devant la mort, seul devant la vie, qui lance un bouleversant cri de douleur, un pressant appel à ne pas laisser échapper cette vie. C’est aussi, surtout, une fabuleuse déclaration d’amour.

Ce n’est jamais la première, la première femme, c’est souvent la dernière. Elle est la première dans le sens de naissance, de découverte, d’abandon. C’est Ève, mère et compagne de tout. Un bateau aussi sur une mer démontée, la musique que l’âme imaginait et que l’on entend soudain. Le bruit de ses pas n’est pas le son de souliers sur le trottoir ou dans le couloir, le bruit de ses pas annonce la vie qui revient, le bruit de ses pas fredonne une chanson heureuse et langoureuse. Les yeux de la première femme ne sont pas des yeux, ils inventent un regard tout comme sa parole dicte un monde dans lequel l’homme se fond avec délice et respect. La première femme est la mère de l’homme, cette mère qui l’enfante une deuxième fois. Voilà ce que fut et est encore Violaine pour moi.

Pour la première fois de ma vie de bloggeuse j'écris un billet plusieurs semaines après avoir terminé le livre! De l'autofiction... voilà mon malaise. Comment dire ce qu'on pense lorsqu'il s'agît d'un homme qui a décidé de tout dévoiler, le beau et le moins beau? Cet homme a le cancer, mais il a surtout perdu celle qu'il aimait, c'est bien pire! Du moins, à ses yeux... La vie sans cette femme n'a plus de saveur, elle est sombre et sans bonheur. Dans sa lutte contre le cancer, il dira "Je travaille pour prolonger la tristesse de ma vie" ou encore "Vivre sans toi n'est pas vivre, c'est une forme insidieuse de mort, une sorte de cancer émotif." Il regrette, beaucoup. Il regrette tout ce qu'il n'a pas fait pour elle en croyant que ce qu'il faisait suffisait.

Je n'ai pas trouvé que ce livre était déprimant, parce que même s'il s'agît de peine d'amour et de maladie, Gil Courtemanche a une très belle plume et sa lucidité est ébranlante. Il dit les choses comme elles sont, de la couleur ennuyante des mûrs d'hôpitaux aux lacunes dans son hygiène personnelle. C'est une mise à nu totale et j'admire son courage en tant que personnage public. De plus, de très belles phrases se logent au détour des pages comme pour adoucir un peu la réalité quotidienne ce cet homme malade et seul.

"Tu es mon pays, ma ville, mon quartier, ma rue et ma maison. Je suis un habitant de toi."

Encore une fois je vais lancer la balle dans le camp de Venise, car son billet m'a émue et même si je passais la soirée à essayer de vous convaincre de mon appréciation, ce ne serait jamais aussi convaincant qu'elle... Alors, je lui passe le mot!

J'ajoute ce lien dans mon défi DÉCEMBRE AU QUÉBEC.

8 commentaires:

Clara et les mots a dit...

Un sujet quand même dur et triste...Je le retiens pour plus tard!

Venise a dit...

Hon, mais t'es donc bien fine de passer le mot au Passe Mot !

Ouf ... moi, je suis soulagée, tu as aimé ! Toujours cette peur que nous avons d'influencer et que l'autre soit déçu. Ne pas aimer autant que soi, on s'y attend, mais quand l'autre est déçu... eh bien, on est soi-même déçu.

Mais quelle lucidité cet homme !

Jules a dit...

Clara: un livre pas rigolo effectivement! Il faut être dans le "mood".

Venise: j'ai failli assister à sa présentation aux jeudis littéraire du musée de la civilisation! Je voulais voir comment il parle de ce livre assez révélateur...

moustafette a dit...

Oups, pas du tout envie de ça en ce moment !

Joelle a dit...

Je me demande comment ce livre serait perçu par ceux qui ne connaissent pas du tout cet homme. Je pense qu'on le ressentirait plus comme un roman pur et simple !

Karine:) a dit...

JE veux le lire, celui-là. Je ne savais pas que c'était de l'auto-fiction par contre...

Jules a dit...

Moustafette: :)

Joelle: oui, ça pourrait être vu comme un roman effectivement, mais quand tu connais le personnage public tu dis qu'il faut avoir du courage pour tout raconter!

Karine: et oui!

Leiloona a dit...

Malgré tout, même si tu n'as pas trouvé ce l ivre déprimant, je ne vais pas le lire ... les thèmes ne m'attirent pas. Mais je note le nom de l'auteur s'il a une belle plume ! :D