lundi 7 septembre 2009

Pire que la prison, la lecture

Depuis quelques années, des condamnations pittoresques, comme lire des livres sous contrôle judiciaire, remplacent parfois les peines de prison et les amendes. Un journaliste libanais commente ce système original.

La législation turque autorise à surseoir à une peine de prison en imposant à l’accusé jusqu’à cinq ans de contrôle judiciaire assorti de l’obligation de lire et parfois aussi d’accomplir un travail d’intérêt général – faire le ménage dans une bibliothèque publique, par exemple. Ces jugements concernent des délits pour lesquels la peine encourue ne dépasse pas les trois ans de réclusion. Ils ne peuvent en outre s’appliquer qu’aux condamnés qui n’ont pas d’antécédents, font preuve de bonne conduite et manifestent des regrets. La première condamnation à la lecture d’un livre remonte à 2006. Alparslan Yigit avait été inculpé pour ébriété et tapage dans la ville de Yozgat [centre du pays]. Sa peine de quinze jours de prison avait été commuée en obligation de lire pendant une heure et demie par jour sous surveillance policière. Voici l’entretien qu’il avait accordé au journal local : "De quoi vous a-t-on accusé ?
— On a dit que je m’étais comporté grossièrement, que j’ai hurlé alors que j’étais saoul.
— Comment avez-vous réagi à l’énoncé de la peine ?
— J’ai demandé au juge de me traiter comme tout le monde. Je lui ai dit : ‘Si vous me condamnez à lire un livre, les gens vont se moquer de moi !’ Pour moi, lire un livre, c’était comme faire la vaisselle à la maison. Mais le juge a maintenu cette peine. Je me suis enfui à Ankara. J’étais très perturbé.

10 commentaires:

bladelor a dit...

Je suis sans voix...
J'aurais presque envie de commettre un délit tiens, juste pour que l'on me "force" à lire !

Isil a dit...

Comme Bladelor :-) Mais apparemment, c'est une punition pour certains. Enfin, ça dépend ce qu'on les oblige à lire.

Jules a dit...

Bladelor et Isil: il semble que la lecture soit pour les femmes comme faire la vaisselle! Pffff...

Meria a dit...

Ce juge là, c'est un peu comme Charlemagne, qui a eu l'idée folle d'inventer l'école ! Voyez où cela nous a mené ;-)

Jules a dit...

Meria: ben il était tant que quelqu'un s'occupe de la culture dans ce pays! :p

Venise a dit...

On ne peut remplir une cruche pleine, c'est un peu ce qu'il m'est passé par la tête. Il aurait eu beau lire, lire, lire ... s'il est fermé, qu'est-ce que ça donne, rien n'entre dans la caboche ?

Il y a quelque chose de rébarbatif d'utiliser la lecture à titre punitif !

Jules a dit...

Venise: c'est mieux que le laisser sécher dans une cellule non?

Venise a dit...

Si c'est un prétexte pour ne pas qu'il croupisse dans la cellule, alors là, oui.

Cécile Qd9 a dit...

Magda en a parlé sur son blog et, dans la foulée, moi aussi dimanche dernier

Jules a dit...

Cécile: je ne connais pas Magda (désolée!) et ton billet m'a totalement échappé... j'aime bien lire le Courrier International justement pour ces petits insolites!! :)