Neuf mois, Anne Bonhomme.

Le test de grossesse d'Isabelle est positif. Pourtant, cette nouvelle ne la transporte pas de joie. En deux ans, c'est la quatrième fois qu'elle tombe enceinte et elle n'est toujours pas maman. Les médecins ne peuvent expliquer la raison de ces fausses couches. On lui a simplement dit qu'elle était malchanceuse. Malchanceuse et terriblement anxieuse de mener cette grossesse à terme.

Seule Rose, une voisine avec qui elle s'est liée d'amitié, semble la comprendre. Doucement, elle s'ouvre à cette femme et lui raconte ses malheurs, dont sa dernière fausse couche, la plus traumatisante, celle où elle a perdu des jumeaux à six mois de gestation.

Pourtant, cette grossesse se déroule bien, mais son inquiétude demeure. Elle ne peut oublier le cercueil qu'elle pense avoir à la place de l'utérus. Et quand la santé de Rose décline, son monde chavire. Ces neuf mois lui permettront de découvrir qu'elle ne peut pas tout contrôler, mais que les événements douloureux en entraînent parfois d'autres qui remplissent de bonheur.

Neuf mois, c’est un livre à thème. Celui de la grossesse et ses angoisses lorsque le passé nous a déjà classés dans la section « malchanceux ». Lorsqu’elle est à nouveau enceinte, Isabelle a trois fausses couches derrière elle. Malgré tous les efforts de raisonnement, elle ne peut savourer cet heureux événement sans le noircir avec des pensées sombres et inquiétantes. On la comprend.

Si Anne Bonhomme en a fait un roman plus personnel, certaines lectrices se sentiront indéniablement très proches de ce personnage et de l’auteure, moi la première. Nous sommes plusieurs à penser qu’au moment où nous aurons décidé d’avoir un enfant que la magie opérera et que tout réussira au premier essai. Des mois, des années peuvent s’écouler sans obtenir ce bonheur d’être enceinte et de mener à terme une grossesse. Lorsque ça ne fonctionne pas, tout le cirque qui en découle pour certaines est éprouvant et parfois humiliant. La prise d’hormones, les prises de sang, les échographies, les examens gynécologiques, les rapports forcés, on a vite l’impression qu’avoir un enfant devient une entreprise à plusieurs et perd toute la beauté de faire un enfant à deux, en toute intimité. Je sais de quoi je parle!

Je vois déjà certaines personnes reculer et se dire que ce livre n’est pas pour elles. C’est peut-être vrai, mais ce roman peut aussi être l’histoire d’une femme que vous connaissez dans votre entourage. Vous serez alors mieux armées pour comprendre cette situation et vous saurez que se faire dire qu’on peut toujours adopter n’est pas nécessairement un réconfort… Puis ce n’est pas tout, en parallèle, l’auteure nous offre également une belle histoire d’amitié entre Isabelle et Rose, sa voisine. Une dame âgée et seule qui viendra l’apaiser dans ses pires moments. Neuf mois, c’est long, on a le temps de trop penser! Chaque étape ressemble à une très haute montagne à gravir, on s’accroche à chaque petite branche pour se donner la force de regarder en avant lorsqu’on ne voit que les roches et les embûches. Le support du conjoint, de la famille et des amis devient plus qu’essentiel.

Je ne lis que très rarement le résumé d’un livre et dans ce cas-ci, je ne l’avais pas lu. Anne Bonhomme fait partie de ces auteurs dont je lirais n’importe quoi, je me lance les yeux fermés. La suppléante et Échecs et maths m’avaient déjà convaincue de son talent. Dès la première ligne, je savais que cette histoire viendrait me rappeler ce que j’avais déjà vécu et me donnerait envie de pouvoir recommencer malgré tout.

« L’enfant commence en nous bien avant son commencement. Il y a des grossesses qui durent des années d’espoir, des éternités de désespoir. » (Marina Tsvetaeva)

Mon miracle à moi s’appelle Kiyan Émil et il est né le 3 février 2010 suite à 5 ans de pratique et une fécondation in vitro…

Éditions Stanké
ISBN: 9782760410879