mercredi 5 novembre 2014

Heureux les heureux, Yasmina Reza.

«J’ai commencé à éprouver un sentiment, je veux dire un vrai, à ce moment-là. En sortant de la voiture, à Wandermines, sous la pluie. On ne parle pas assez de l’influence des lieux sur l’affect. Certaines nostalgies remontent à la surface sans prévenir. Les êtres changent de nature, comme dans les contes. Au milieu de cette confrérie en habits du dimanche, se pressant vers la mairie pour échapper aux gouttes, tenant le bras d’Odile pour l’aider sur le parvis glissant, j’ai éprouvé la catastrophe du sentiment.»

Glissant de la mélancolie à l’humour, Yasmina Reza dessine avec Heureux les heureux une constellation moderne de personnages confrontés à l’impasse sentimentale.
 
Mise en garde pour les futurs lecteurs, ce roman ne se lit pas la tête en l'air en brassant votre soupe!  Prenez note que chaque chapitre est dédié à un personnage et que chaque personne est liée à d'autres personnes.  Voilà où j'ai fait une grave erreur, j'ai laissé vaguer mon attention et j'ai sauté quelques petits détails qui m'auraient aidé à mieux comprendre une autre entité...  Je vais devoir le relire pour en saisir toutes les nuances!
 
L'auteure dresse le portrait de gens malheureux en amour, dans leur peau et dans leur vie.  Chacun vit un drame personnel que ce soit au niveau du couple ou de la famille. La mort, la vieillesse, la maladie et la solitude sont aussi des thèmes abordés sans que ce soit déprimant.  Je dirais même qu'une petite touche d'humour apporte souvent la lumière dans des situations qu'on trouverait certainement catastrophiques si elles devaient se produire sous notre toit.  En disant cela, je pense à Jacob qui, au fil des ans, s'est réellement transformé en Céline Dion.  C'est un jeune homme qui a perdu la boule et dont les parents choisissent de l'interner pour essayer de mettre fin à cette "réincarnation".  Un beau clin d'œil au Québec, malgré la gravité du sujet.  Yasmina Reza peut traiter des sujets graves sans que le lecteur dépérisse avec le personnage!  C'est un point important pour moi car ça évite d'être dans une condition optimale pour devoir lire le roman sinon, c'est l'abandon... surtout en novembre!!!  Je n'aime pas les romans qui vous aspirent toute votre gaîté disponible.  Le texte ne s'engouffre pas non plus dans l'individualité, plusieurs thèmes s'entremêlent parfois sur trois niveaux de génération.  Ce sont des tableaux éclatés sur le quotidien d'êtres étouffés par leur situation mais qui ne savent pas comment mettre fin à leur calvaire! Nous les côtoyons en épiant dans leurs fenêtres, impuissants.
 
C'est un roman sérieux qui démontre que fermer les yeux ou prendre un détour n'est pas toujours la solution idéale...
 
C'est une première rencontre entre l'auteure et moi. N'hésitez pas à me suggérer vos coups de cœurs.
 
ISBN: 9782070459582
 

3 commentaires:

Alex Mot-à-Mots a dit...

Je ne l'ai pas lu, celui-ci. Mais c'est auteur qu j'apprécie.

Anjelica a dit...

j'ai beaucoup aimé "Art" mais je n'ai pas du tout aimé ce roman. J'ai trouvé qu'elle dépeignait presque tous les hommes comme des goujats et finalement les femmes étaient guère mieux dans un autre genre. Les couples sont tous malheureux et le seul qui l'était ont un fils qui perd la boule. J'ai horreur de ce pessimiste et de négativisme !

Jules a dit...

Alex: As-tu des suggestions pour moi?

Anjie: oui, c'est vrai que c'est perssimiste, mais j'ai trouvé que l'auteure avait quand même la main légère! :)