vendredi 3 avril 2015

Les intranquilles, Azza Filali.

Mars 2011. Après le départ du dictateur, le pays entre dans une période de turbulences. Peu à peu la vie quotidienne reprend ses droits mais les habitants, conditionnés par un système politique oppressif, déambulent dans leur vie comme des automates, la tête baissée et les épaules rentrées. Pourtant, c’est le moment que choisissent Les Intranquilles pour se séparer du chemin tracé par la foule. Ainsi Jaafar, qui s’est enrichi frauduleusement, Sonia, sa fille superbe un brin légère et délurée, Hechmi l’islamiste militant dévoué à la Cause, Latifa la prostituée au grand cœur et d’autres encore, personnalités diverses et hautes en couleur, se croisent et tentent d’écrire leur propre et singulier destin.
 
Après L’heure du cru et Ouatann, Azza Filali poursuit dans Les Intranquilles le portrait féroce d’une âme humaine prisonnière d’une société en crise et qui désire s’en libérer. Dans cet entre-deux flottant – du renversement d’un dictateur aux premières élections libres vécues par un peuple -, les personnages de ce roman sont livrés à eux-mêmes.
Ils doutent, manquent de se perdre, avant d’être prêts à assumer leur vérité, si longtemps confisquée.
 
Nous sommes en pleine révolution.  Une époque où il faut choisir son camp.  Des entreprises qui ferment, des hommes qui sont recrutés au nom de Dieu, des comptes à rendre, des prisons qui débordent, des mariages annulés, c'est le chaos total.  Les rues ne sont plus sures, les masques tombent, tous et chacun essaie d'aider son prochain parce que c'est tout ce qu'il reste à faire.  Les Tunisiens ont bon cœur et plusieurs ne sont que des victimes des événements.  Les relations sont très tendues dans ce roman.

C'est la Tunisie d'après la dictature.  Tout est maintenant possible, mais il y a d'abord un reconstruction à faire.  Azza Filali dresse le portrait d'une société confuse, qui apprécie le changement mais qui ne sait pas encore comment circuler sur cette terre durcie par une succession de régimes non démocratiques.

En couple avec un Tunisien depuis près de 20 ans, je n'avais pas encore testé la littérature tunisienne, cette auteure est un bon début.  Elle écrit très bien et elle m'a fait découvrir une nouvelle Tunisie que je n'ai pas encore visitée.  Le pays a fait beaucoup de progrès, mais tous les citoyens ne vont pas dans la même direction; pour ne pas citer les barbus...

C'est une belle découverte et plusieurs titres l'auteure tunisienne me font envie: Enfances tunisiennes et Ouatann.
 
Elyzad est une maison d'éditions tunisienne basée à Tunis.

6 commentaires:

Karine:) a dit...

Je n'ai jamais tenté non plus la littérature tunisienne. J'hésite, on dirait. Je pense que je veux me fermer les yeux sur certaines réalités (call me autruche)

Jules a dit...

Karine: rien de choquant dans celui-là, juste des méthodes différentes!

Le Papou a dit...

Il me tente pour comprendre une réalité que je n'ai jamais rencontrée.
Le Papou

Jules a dit...

Le Papou: oui surtout que c'est une "nouvelle" réalité!

Alex Mot-à-Mots a dit...

Te voilà maintenant amoureuse d la littérature tunisienne, également.

Jules a dit...

ALex: pas amoureuse, mais il y a du potentiel alors pourquoi pas?