vendredi 7 août 2015

Le fils d'une autre, Kathleen McCleary.

Après Les Lumières de l'île, Kathleen McCleary livre un huis clos bouleversant et démontre une nouvelle fois toute sa finesse psychologique pour aborder des thèmes de société aussi brûlants que délicats.
 
À quarante ans, Georgia n'a qu'une obsession : avoir un deuxième enfant, revivre ce sentiment de pur bonheur que lui a procuré sa première grossesse, treize ans plus tôt. Mais rien n'y fait.

Un jour, Alice, sa meilleure amie, sa presque soeur, a une idée : offrir à Georgia le cadeau que la nature lui refuse. Un don d'ovocyte ; un geste qui scellerait éternellement la profonde amitié qui unit leurs deux couples.

La décision est prise, chacun est impatient : dans neuf mois, un petit garçon viendra les combler de joie.
 
Mais, alors que le ventre de Georgia s'arrondit, de douloureux secrets sont révélés, qui viennent rompre brutalement l'équilibre des deux familles.

Et bientôt une question terrible se pose : quels parents pour ce nouveau-né ? De qui est-il légitimement l'enfant ? Qui pour prendre soin de lui ?

Face aux mensonges, aux trahisons, lequel sera le plus fort : lien du sang ou lien du coeur ?  
 
Le fils d’une autre est un roman qui a attiré mon attention parce qu’il traite d’un sujet qui me touche directement, le don d’ovocytes.  Mon fils ayant été conçu par fécondation in vitro avec les ovocytes d’une de mes cousines et du sperme de mon mari, j’ai voulu voir comment la littérature traitait le sujet.  Le don d’ovocytes est encore un sujet tabou.  Lorsque je parle de mon expérience, j’ai droit à toute une gamme de réactions qui varie de l’étonnement à l’émerveillement, mais personne ne reste indifférent à mon histoire.  Dans Le fis d’une autre, Georgia et Alice ont droit au même traitement.  Je me suis beaucoup reconnue dans ce roman.  On y traite de l’aspect légal et psychologique d’une telle démarche.  Les craintes des deux parties sont également un volet du don d’ovocytes à lequel on ne pense pas toujours.  Est-ce que la mère génétique sentira un attachement envers l’enfant qu’elle n’a pas porté?  Est-ce que la mère biologique aura l’instinct maternel envers un enfant qui ressemble à sa donneuse d’ovules?  De mon côté, dès que ma cousine a vu mon fils, elle s’est empressée de me dire qu’elle ne ressentait rien de particulier envers lui.  J’étais soulagée (elle aussi!), même si l’idée du contraire ne m’avait pas vraiment effleurée!  Pour Georgia et Alice, la situation diffère légèrement et rien ne peut être supposé tant que l’enfant ne se matérialise. 

L’infertilité est un problème qui affecte beaucoup le couple.  Les relations sexuelles sur commande, la prise d’hormones qui affecte les humeurs (et le corps!) et la longue liste de rendez-vous médicaux où tu t’exposes in and out briment énormément la vie amoureuse.  L’auteure a bien joué cette carte en ajoutant un peu de bisbille dans cette trame déjà bien remplie!

C’est un roman que j’ai rapidement dévoré.  Il est très représentatif de la démarche du don d’ovocytes dans le cadre juridique américain.  Les droits de la donneuse sont sensiblement les mêmes au Canada, c’est-à-dire elle n’a aucun droit sur l’enfant sauf qu’ici, je ne crois pas qu’on lui donne le titre officiel de mère biologique.  Ce titre étant réservé normalement à la femme qui porte le bébé.  C’est un détail qui m’a légèrement agacée dans ma position de mère…

Donc, que le sujet vous touche ou pas, c’est un roman à lire pour sa gamme d’émotions, ses questionnement existentiels et tout l’amour qu’il contient!  Lorsqu’on entreprend une telle démarche pour réaliser son rêve d’avoir un enfant, le soutien de la famille est très important.  Parfois le résultat est négatif et Georgia a la chance d’avoir deux sœurs pour la soutenir dans les hauts et les bas de cette aventure.  

Pour les curieux, lors de ma fécondation in vitro, ils ont implanté 3 ovules fécondés.  Les chances étaient 3-2-1-0.  Le 3 février 2010, j’ai accouché d’un beau gros garçon en santé. J’aurais voulu des jumeaux, mais je m’estime chanceuse d’avoir au moins réussi à en avoir un et jamais je n'ai considéré qu'il était le fils d'une autre...

Belfond

3 commentaires:

Opaline a dit...

Quelles belles histoires, la tienne et celle du livre!

Anne Sophie a dit...

C'est bizarre, mais ce genre de livres me met un peu mal à l'aise, j'ai l'impression d'entrer trop dans l'intimité des gens, sans légitimité... Mais vu comme tu en parles, j'ai envie de tester !

Jules a dit...

Opaline: merci! En effet, les petits miracles dans ce genre sont mémorables!

Anne Sophie: ce n'est qu'un roman... c'est fait pour se divertir et entrer dans des histoires fabuleuses. :)